Le groupe de travail chargé par Ségolène Royal d'étudier des « solutions alternatives » au barrage contesté de Sivens (Tarn) a démarré, jeudi à Albi, « un nouveau dialogue » dans un « esprit d'écoute », ont indiqué les experts qui y participent.
« L'esprit d'écoute a largement présidé » à la première réunion à la préfecture du Tarn, a assuré un des deux experts chargés de mener ces travaux, Nicolas Forray, lors d'une conférence de presse. La mission avait été diligentée par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, le 4 novembre 2014, neuf jours après la mort d'un opposant au projet, Rémi Fraisse, 21 ans, tué par une grenade offensive de la gendarmerie lors d'affrontements avec les forces de l'ordre sur le site de Sivens.
La réunion, qui a duré environ trois heures, a regroupé les pro- et anti-barrage : le collectif d'opposants « pour la sauvegarde de la zone humide du Testet », détruite par le chantier, ainsi que les représentants des conseils généraux du Tarn et du Tarn-et-Garonne et des deux chambres d'agriculture départementales. Les discussions ont été « extrêmement ouvertes », a dit le second expert présidant les travaux, Pierre-Alain Roche. « C'est déjà un immense succès », a-t-il assuré.
Un « projet de territoire » pour l'agriculture locale
Cette première réunion, qui doit être suivie de trois autres avant Noël, n'a fait qu'aborder la méthode de travail. « Un accord a été obtenu » sur la volonté d'aboutir à « un projet de territoire pour l'agriculture » locale, a expliqué M. Forray.
Les ingénieurs des eaux et des forêts n'ont pas répété les mots de Ségolène Royal, qui avait dit vouloir des « solutions alternatives » lorsqu'elle avait mis en place ce groupe de travail. Le projet de barrage n'est « pas enterré », a averti M. Roche. « Notre objectif est d'arriver à un panel de solutions et de faire en sorte que le débat soit rouvert », a-t-il ajouté.
« Le défi est immense », a reconnu M. Forray, annonçant que la « décision finale reviendra de toute façon aux maîtres d'ouvrage », c'est-à-dire le département, porteur de ce projet public. « Nous sommes satisfaits », a cependant déclaré, à l'issue de la réunion, le porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, Ben Lefetey. « Il y a une volonté de continuer le dialogue », s'est-il félicité. Mais M. Lefetey a maintenu son refus du barrage. « On a toujours dit qu'on ne l'accepterait pas. Mais l'ensemble des possibilités est maintenant étudié, y compris les solutions des associations » environnementales, a-t-il déclaré.
Didier Houlès, vice-président (divers gauche) du conseil général du Tarn, présent à la réunion, a lui aussi loué « la bonne volonté » des parties prenantes aux discussions. « Je souscris à la façon de travailler, en sortant des passions et des émotions. Il faut retrouver les voies du dialogue », a ajouté cet élu pro-barrage.