Les agriculteurs et les transporteurs routiers belges ont manifesté mercredi à Bruxelles pour protester contre la hausse des prix pétroliers et ses conséquences sur leurs revenus, à la veille d'un sommet de l'UE où cette question sera au coeur des débats.
Les syndicats agricoles du Royaume de Belgique et l'Union des transporteurs routiers (UPTR) avaient choisi cette date du 18 juin pour rappeler aux dirigeants belges et à ceux de l'UE, qui se réunissent jeudi et vendredi dans la capitale européenne, que l'envolée des prix du pétrole met leur activité en danger.
Les agriculteurs, après avoir défié la police qui leur avait interdit les autoroutes, ont réussi à faire stationner entre 400 et 500 tracteurs dans un parc situé aux abords du quartier qui accueillera jeudi les dirigeants des 27.
«On subit des augmentations de nos coûts faramineuses, +50% en un an pour l'engrais, +30% pour l'alimentation du bétail... et nos prix de vente ont diminué. On ne pourra pas tenir longtemps», explique José Deckers, un producteur laitier ardennais de 47 ans.
Alors qu'une centaine de taxis défilaient séparément sur les boulevards, des agriculteurs distribuaient gratuitement du lait et des brochettes de viande dans le centre de Bruxelles, notamment au Premier Ministre Yves Leterme, venu à leur rencontre.
Aux agriculteurs, qui accusent la grande distribution d'acheter leurs produits à prix cassés, Yves Leterme a réitéré mercredi sa promesse de mettre rapidement en place un "observatoire" destiné à traquer les anomalies dans la formation des prix.
Une délégation d'agriculteurs a rencontré mercredi la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, pour réclamer le maintien des mécanismes de gestion des marchés de la Pac, qui garantissent une stabilité des prix.
Ils ont aussi dit leur crainte que l'Europe accepte de s'ouvrir largement aux produits agricoles des pays tiers dans le cadre des négociations à l'OMC, ce qui constituerait selon eux une «distorsion de concurrence inacceptable».
Mais les manifestants de Bruxelles, comme ceux qui sont récemment descendus dans les rues en Espagne, en France ou au Portugal, risquent de rester sur leur faim après le sommet de l'UE.
Le projet de texte qui sera soumis aux 27 vendredi, tout en encourageant des mesures de «court terme» pour les plus démunis, n'avance aucune piste concrète nouvelle pour répondre à l'envolée vertigineuse des prix des hydrocarbures. Mais ce texte pourrait encore évoluer, d'autant que la France a promis de pousser ses homologues européens à aller plus loin.