Si la quasi-totalité des betteraves a finalement pu être récoltée, la situation est beaucoup plus critique en pommes de terre.
« En betteraves, le pire a été évité, reconnaît Xavier Laude, président de la CIB, commission interdépartementale de la betterave. Sur les 1.200 ha qui restaient en terre à la fin de décembre 2012, seuls 42 ha n'ont finalement pas pu être récoltés chez 32 producteurs différents ». Les agriculteurs ont bénéficié d'une fenêtre sans pluie au cours de la première quinzaine de janvier 2013, et surtout du maintien, par Tereos, de l'ouverture de la sucrerie d'Attin (Pas-de-Calais) jusqu'au 27 janvier, soit une vingtaine de jours plus tard que prévu.
C'est aussi au prix de conditions d'arrachage très éprouvantes pour les entrepreneurs de travaux agricoles, qui ont été épaulés par des collègues d'autres régions, et même de Belgique. « Nous avons tout fait pour sauver les betteraves de nos clients, mais dans des conditions épouvantables, souligne Jean-Pierre Joan, entrepreneur à Saint-Folquin (Nord). Sur plus de 800 ha que nous devions récolter, il ne reste en terre que 3,20 ha ».
1.500 ha de pommes de terre non arrachés
Finalement, ce sont les pommes de terre qui ont le plus souffert des intempéries. « En plus des betteraves, 22 ha de chicorée n'ont pas pu être récoltés dans la région, de même que 250 ha de lin, des carottes, du maïs fourrage... et aux alentours de 1.500 ha de pommes de terre ! », précise Paul Debaisieux (FDSEA du Nord). Avec des situations vraiment dramatiques chez certains producteurs.
« En plants de pommes de terre, avec la Normandie, 120 ha sont restés en terre, indique le Comité Nord, mais les pertes vont être plus importantes car des lots risquent d'être refusés. » McCain a accepté de s'approvisionner à prix fort sur le marché, pour couvrir les tonnages non récoltés, et son association de producteurs, le Gappi, devait soumettre, à son assemblée générale du 7 février 2013, la mise en place d'une opération de solidarité. « Elle sera financée par les producteurs, grâce à une cotisation de 10 €/ha sur les surfaces sous contrat, précise son président, Eric Delacour. Elle devrait permettre d'apporter une aide d'environ 600 €/ha aux 150 ha sous contrat non récoltés. »
Du côté du ministère de l'Agriculture, les agriculteurs ont pour le moment obtenu 1 million d'euros d'allégements de cotisations MSA (1), 500.000 euros de prise en charge d'intérêts de leurs prêts, et la prise en charge, par l'Etat, d'un partie des impôts fonciers.
Des entrepreneurs de travaux agricoles en grande difficulté
« A la suite des intempéries, nous estimons que quatorze entreprises sont aujourd'hui en difficulté, dont quatre en très grande difficulté, explique Christine Voyez, animatrice de l'Union régionale des entrepreneurs des territoires du Nord-Pas-de-Calais/Picardie. Pour ces 14 entreprises, le manque-à-gagner s'élève à 243.000 € de chiffre d'affaires, et les surcoûts à 258.000 € en carburant, 110.000 € en main-d'œuvre et 100.000 € en casse ou intervention sur le matériel. Soit au total des pertes de plus de 700.000 euros. »
Reçus tout récemment par la préfecture d'Arras et la Draaf (2) du Nord-Pas-de-Calais, les entrepreneurs ont demandé à bénéficier d'aides spécifiques pour sauver leurs entreprises. Ils ont déjà obtenu un allègement de charges de MSA, mais attendent davantage.
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(1) Mutualité sociale agricole.
(2) Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt.