Alors que la récolte française affiche une production record de 34 Mt de betteraves, la Confédération générale des planteurs de betteraves (GCB), réunie en assemblée générale mardi à Paris, rappelle que la filière doit sa bonne santé au maintien d'outils de régulation, tels que le système des quotas et le prix minimal garanti. Elle appelle par conséquent les pouvoirs publics à défendre ce dispositif dans le cadre des négociations à Bruxelles sur l'après-2013.
Aux critiques de la Commission européenne sur ces outils «d'arrière-garde», Eric Bollé, président de la commission économique de la CGB, rétorque: «Que la Commission nous démontre en quoi notre filière ne répond pas aux signaux du marché, alors que nous avons cette année la capacité d'exporter du sucre et d'enrayer la fièvre sur le marché mondial!»
«Que Bruxelles ne se base surtout pas sur les niveaux de prix mondiaux actuels, comme elle l'a fait en son temps pour les céréales et le lait, pour justifier d'une dérégulation de notre filière après 2014, puisque dès l'année prochaine, ils ne seront plus à ce niveau», prévient Eric Lainé, président de la CGB. Bruno Lemaire a assuré qu'il défendrait à Bruxelles, pour l'après-2013, «ce dispositif efficace qui a fait ses preuves dans les années passées», même si «cet avis n'est pas partagé par tous au sein de l'Union européenne».
Si la betterave sous quota bénéficie, au moins jusqu'en 2013, d'un prix minimal garanti par la réglementation, la situation de la betterave hors quota n'est pas aussi claire. Jean-Pierre Dubray, vice-président de la CGB, a dénoncé «le refus de la plupart des industriels de fixer des prix de betteraves hors quota en fonction des prix de marché des produits finis, et de les annoncer avant les semis».
Dans ce contexte, les attentes vis-à-vis de la LMA (loi de modernisation agricole) promise par le gouvernement sont fortes, pour arriver à un «rééquilibrage des rapports entre l'amont et l'aval» et un «juste partage de la valeur ajoutée».
Le ministre de l'Agriculture a annoncé trois axes de travail dans le cadre de la LMA: renforcer l'Observatoire des prix et des marges, rendre obligatoire la fixation de contrats comportant des clauses sur les volumes, les prix et la durée, et renforcer les interprofessions.
Sur le chantier du bioéthanol, la CGB a réclamé des objectifs clairs et ambitieux, soulignant sa contribution à la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Bruno Lemaire a confirmé que le bioéthanol avait «toute sa place dans le bouquet énergétique français et dans celui de l'Union européenne», se disant prêt à défendre des objectifs plus élevés. Au sujet de la taxe carbone, en revanche, «j'ai mes convictions sur le sujet, elles sont proches des vôtres, mais ça ne garantit pas forcément qu'elles l'emportent à la fin», a confié le ministre.