Vingt-deux des vingt-sept ministres européens de l'agriculture se réunissent le jeudi 10 décembre 2009 pour contribuer à préparer la réforme de la Pac après 2013, intégrant la régulation des marchés agricoles.
Dans une lettre ouverte qu'elle leur a adressée le 9 décembre 2009, la Coordination européenne Via Campesina, qui compte en France parmi ses membres la Confédération paysanne et le Modef, se félicite de leur initiative.
«La crise laitière montre à quel point la dérégulation de la production et des marchés à l’œuvre depuis 1992 dans l’UE ne peut "garantir l’avenir agricole européen", encore moins celui des exploitations paysannes», indique l'organisation dans cette lettre.
Via Campesina réclame aux 22 d'intervenir d'urgence et durablement «pour éviter que la concentration de la production laitière dans quelques régions et quelques grandes exploitations ne prenne une nouvelle ampleur». Selon elle, la manière de sortir de la crise laitière sera déterminante pour la configuration de la Pac après 2013.
«On ne régulera pas les marchés avec l'assurance risque et la contractualisation. Passer d’une régulation publique à une régulation privée sous forme de contrats entre le producteur et l’industrie, c’est mettre les producteurs à la merci de l’industrie, en particulier les petits producteurs.»
Autre grief fait à la Pac: son inadaptation aux enjeux alimentaires, climatiques et de biodiversité actuels. Via Campesina propose aux ministres de l'Agriculture une «politique agricole et alimentaire légitime, juste, durable, solidaire et citoyenne».
Voici l'essentiel des propositions qu'elle a transmises aux 22 :
Vivre de son travail dans un monde rural vivant, c'est:
- L’heure de la souveraineté alimentaire.
- Des prix agricoles justes (qui couvrent les coûts de production) et stables, sans excédents de production ni importations à bas prix. Il faut réguler la production et les marchés agricoles.
- Raccourcir les filières de commercialisation en rapprochant les producteurs des consommateurs, en relocalisant la production et l’alimentation.
- Maintenir un monde rural vivant dans toutes les régions (soutien ciblé aux petites exploitations et aux exploitations des régions défavorisées, mieux équilibrer la production agricole géographiquement, améliorer les services publics sur tout le territoire rural...).
Produire, employer, avec des droits, signifie:
- L’emploi agricole et rural doit être une priorité (favoriser l’installation).
- L’accès à la terre, à l’eau, aux semences, au crédit doit devenir un droit.
- Les droits des paysannes doivent être reconnus et mis en œuvre.
- Traiter les travailleurs agricoles migrants sans discrimination, avec les mêmes droits que leurs homologues européens.
Faire face aux enjeux environnementaux et climatiques, veut dire:
- Favoriser l’agriculture paysanne durable économe en énergie, en intrants, et réorienter les modes de production industrialisés. Favoriser les modes de production qui stockent le CO2 dans le sol (matière organique), en particulier l’agriculture biologique.
- Sauver la biodiversité: non aux OGM, au brevetage du vivant et oui au droit des paysan(ne)s à sauvegarder et améliorer leurs semences.
- Consacrer en priorité les terres agricoles à la production alimentaire et non aux agrocarburants.
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