L'Union européenne va imposer des taxes antidumping contre des fabricants américains de biodiesel soupçonnés de subventionner de manière déloyale leurs exportations, au risque d'envenimer un climat commercial déjà tendu avec les Etats-Unis.
Les représentants des 27 pays de l'UE ont approuvé mardi, lors d'une réunion d'experts, une proposition en ce sens de la Commission européenne, a indiqué mardi une source diplomatique. «La Commission européenne a obtenu un soutien pour ces mesures», a indiqué un diplomate, parlant sous couvert de l'anonymat.
Il est prévu d'imposer à partir de la mi-mars des taxes contre le dumping et des pratiques de subventions jugées déloyales comprises entre 23 et 41 euros pour 100 kilogrammes des produits considérés.
Il s'agit à ce stade de mesures provisoires qui dureront une période maximale de six mois, après quoi une nouvelle décision devra être prise par l'Union européenne si elles devaient devenir définitives.
L'exécutif européen, qui agit au nom des 27 pays de l'Union européenne sur les dossiers commerciaux, entend par le biais des taxes répondre à une plainte des fabricants de biodiesel européens. Ceux-ci accusent plusieurs de leurs concurrents américains de se livrer à du dumping ou de profiter de subventions déloyales sous forme de crédits d'impôts ou d'aides directes à la production.
«Lorsque votre industrie se meurt, vous devez faire quelque chose», a estimé mardi une porte-parole de la Fédération des fabricants européens, l'European Biodiesel Board (EBB).
La plus grande partie des importations de biodiesel en Europe provient des Etats-Unis: celles-ci ont augmenté de 7.000 tonnes par an en 2005 à environ un million de tonnes l'an dernier.
L'imposition attendue de taxes sur le biodiesel va intervenir dans un climat commercial déjà tendu entre l'Europe et les Etats-Unis. Washington a porté plainte en janvier contre l'Union européenne devant l'OMC contre le refus des Européens d'accepter ses volailles au motif qu'elles sont désinfectées avec du chlore.
Les Etats-Unis viennent aussi de tripler les droits de douane sur le roquefort fabriqué en France, en rétorsion au maintien par l'UE de l'interdiction de commercialisation du boeuf américain aux hormones, un conflit qui dure depuis plus de dix ans.
«Il est certain que les Américains ne vont pas apprécier les taxes sur le biodiesel mais nous pensons que notre dossier est solide», a estimé un autre diplomate européen.