Diplomates, élus et conseillers des chambres d'agriculture, enseignants chercheurs, entreprises et politiques se sont réunis le 4 novembre 2014 à Paris pour mieux cerner les enjeux de la bioéconomie, lors d'une conférence organisée par l'Amicale des conseillers agricoles à Paris et l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA).
La bioéconomie, nouveau paradigme économique, se fonde sur la valorisation de la biomasse pour répondre à des enjeux de protection de l'environnement, de raréfaction des ressources fossiles, de volatilité des cours des matières premières et de création d'emplois. C'est une stratégie adoptée et appuyée politiquement par plusieurs pays comme la Finlande, les Pays-Bas ou les Etats-Unis. La France, quant à elle, semble accuser un retard croissant dans le développement de sa bioéconomie.
Difficultés administratives
D'abord, la France pense bioéconomie à travers les biocarburants et la méthanisation. Mais, là encore, certains freins brident l'essor de ces alternatives. Par exemple, les investissements pour la méthanisation sont lourds, posant des problèmes de trésorerie et plus des deux tiers des agriculteurs français porteurs de projets sont confrontés à un manque de temps, non pour résoudre des difficultés techniques, mais administratives, a noté Laurent Lejars, chargé de projets dans le domaine de la méthanisation à la chambre du Loiret.
Outre la méthanisation et les biocarburants, la chimie verte, les matériaux biosourcés pour le secteur de la construction, comme le lin, le chanvre, présentent de nombreux intérêts mais les verrous à l'essor de ces filières sont encore fortement amarrés.
« Il y a une potentialité du côté des agriculteurs et un marché bien présent mais il n'y a pas d'interface, pas de gestion de la prise de risque, éclaire Jean-Pascal Hopquin, de la chambre régionale d'agriculture de la Picardie. Il faut bien définir le rôle des agriculteurs dans ces filières émergentes pour s'assurer d'une répartition juste de la valeur ajoutée de ces nouveaux produits ».
De plus, « pour construire les filières, il faut des capitaux, des investissements et nous ne les avons pas, a expliqué Christophe Hillairet, président de la chambre d'agriculture de l'Ile-de-France. Il s'agit par ailleurs de relocaliser les projets de bioéconomie à l'échelle locale, afin d'avoir un retour positif direct à l'échelle du territoire et une vraie reconnaissance sociétale ».