Avec un marché mondial estimé à 120.000 tonnes en 2006, dont 60% en Europe, le secteur des bioplastiques reste encore confidentiel à moins de 0,2% de parts de marché, selon les chiffres présentés mardi par le Club-Bioplastiques, association de promotion et de défense des bioplastiques créée en 2007 et regroupant les agriculteurs (AGPB, AGPM, UNPT, Limagrain), les amidonniers (Usipa) et les fabricants de bioplastiques comme Novamont et le groupe Sphère.
Toutefois, les capacités de production sont passées de 500 tonnes en 1990 à 300.000 tonnes en 2006 dont 120.000 tonnes en Europe où environ 17.000 ha de céréales et de pommes de terre auraient été consacrées à ce débouché. «Et il y a encore de fortes possibilités de progression», assure Christophe de Boissoudy, président du Club-Bioplastiques. La part de marché de ce secteur pourrait ainsi passer entre 5 et 10% d'ici à 2015 en Europe. Ce qui représenterait une production entre 400.000 et 800.000 tonnes. «C'est un vrai secteur émergent pour l'agriculture au moment où on se pose la question de baisser la facture pétrolière», estime Jean-François Gleize, président de Passion céréales.
En France, le marché potentiel est évalué à 368.000 tonnes (sacs à déchets, sacs de consommation, petite et moyenne sacherie, film de routage, films agricoles de paillage). Pour cela, la filière compte sur une fiscalité incitative comme par exemple une TVA réduite sur les bioplastiques ou une TGAP sur certains plastiques d'origine pétrolière. «La Belgique a créé en juillet 2007 une écotaxe de 3 euros par kg sur les sacs en plastiques jetables et 3,6 euros par kg sur la vaisselle en plastique jetable», illustre Christian de Boissoudy. La filière essaie par ailleurs de mettre en avant la valorisation organique des bioplastiques via le compostage.
Il reste que les bioplastiques souffrent d'un «défaut de jeunesse» en étant toujours de 1,5 à 4 fois plus chers que les plastiques d'origine pétrolière, même si cet écart a fortement diminué depuis 1990 où ils étaient 10 fois plus chers. Les coûts fixes (dont 30% des coûts fixes sont attribuables à la recherche et au développement) ont une part importante dans le calcul du prix de revient des bioplastiques. «Il va y avoir un abaissement progressif des coûts en fonction du développement du marché et des capacités de production et on devrait arriver à l'équilibre en 2012-2015», assure Christophe de Boissoudy.
Les travaux de recherche et développement tendent à augmenter la part du végétal dans les bioplastiques: aujourd'hui est appelé bioplastique un produit renouvelable et biodégradable contenant au moins 40% de matière d'origine végétale, le reste étant constitué par des polymères d'origine pétrochimique. Les recherches portent aussi sur une meilleure aptitude des variétés aux applications industrielles (fractionnement) et sur leur composition (protéine, amidon...). Les chercheurs travaillent aussi sur des bioplastiques de deuxième génération, à partir de la plante entière.