« Entre le premier trimestre de 2012 et le premier trimestre de 2013, on constate une baisse de 30 % des volumes de bière à la sortie des brasseries », a indiqué Philippe Vasseur, président de l'Association des brasseurs de France, lors d'une conférence de presse le 14 juin 2013 à Paris, avant leur assemblée générale.
Un cumul de facteurs explique ce recul. Outre un climat peu propice à la consommation, elle-même atone en raison de la crise, Philippe Vasseur a souligné que la hausse de 160 % des droits d'accise au 1er janvier 2013 sur les volumes de bière à la sortie des brasseries avait incité les revendeurs à sur-stocker avant cette date pour bénéficier de prix inférieurs. Depuis le début de l'année 2013, les prix ont progressé de 14 % en grandes surfaces, représentant 75 % des ventes. Dans les cafés, le prix du demi de bière aurait progressé de 2 à 2,5 %.
Pour le marché de la bière sur 2012, avant la hausse des droits d'accise, Pascal Chèvremont, délégué général des Brasseurs de France, a montré une stabilité des volumes écoulés en grande distribution (+0,1 %) à 12,881 millions d'hectolitres (Mhl), mais une baisse de 3,2 % dans les cafés à 4,5 Mhl. Il estime que le surstockage, de la grande distribution principalement, a sauvé le marché de la bière en 2012.
Concernant le malt, il a indiqué une baisse des achats de la part des brasseurs depuis le début de l'année, mais a souligné que seulement 10 % du malt utilisé en France était produit dans le pays. Remontant la filière, il a aussi estimé que les prix de l'orge de brasserie étaient stables depuis dix-huit mois entre 220 et 250 €/t.
Revenant sur la hausse des droits d'accise, Pascal Chèvremont a montré que pour les brasseries produisant moins de 10.000 hl par an, le droit d'accise par hectolitre et degré d'alcool passait de 1,38 € en 2012 à 3,60 € en 2013, et que pour celles produisant plus de 200.000 hl/an ces chiffres passaient de 2,75 € à 7,20 €, soit une hausse similaire de 160 %.
Christian Bourganel, brasseur artisan en Ardèche produisant 3.000 hl/an, voit ainsi ses coûts en droits d'accise passer de 18.000 € en 2012 à 47.000 € en 2013, à volume constant, pour un chiffre d'affaires d'un million d'euros (M€). Pascal Chèvremont a enfin indiqué que pour un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros par an, la brasserie française verrait son niveau de droits d'accise passer de 330 M€ en 2012 à 800 M€ en 2013.
