En 2001, la France a été condamnée par Bruxelles pour non-respect de la norme de 50 mg/l, la teneur maximale en nitrates des eaux de surfaces destinées à l’alimentation humaine, pour des captages situés en Bretagne. Mise aux normes, fertilisation raisonnée…à force de sensibilisation, les agriculteurs ont amélioré leurs pratiques pour réduire la pollution d’origine agricole. Sur les 37 bassins versants incriminés à l’origine, seuls 9 restent encore en contentieux dont 4 sont particulièrement dégradés : Echelles (35), Horn (29), Ic et Bizien (22).
Ignorant les efforts fournis, l’Europe menace aujourd’hui la France d’une forte amende. L’Etat réagit en proposant des mesures encore plus contraignantes sur les bassins versants concernés : limitation des apports azotés toutes origines confondues à 140 kg/ha (170 kg pour les légumiers).
Il envisage de suspendre les captages d’eau sur les quatre bassins les plus dégradés tout en réduisant le cheptel de 25 à 30 % dans ces zones.
«Trop c’est trop, ça suffit!», tempête Jacques Jaouen, le président de la chambre d’agriculture du Finistère. Ces mesures draconiennes ne tiennent ni compte des investissements engagés par les agriculteurs ni du temps de réaction nécessaire au milieu alors que la qualité de l’eau est en voie d'amélioration. Ces décisions vont aller à l’encontre des objectifs souhaités en obligeant les exploitations à intensifier leur système. «Qu’en est-il du développement durable quand on sacrifie l’économie et le social au seul profit de l’environnement?» interroge-t-il.
Des mesures qui ne satisfont personne, pas même les associations écologistes qui sont pourtant à l’origine de la plainte déposée à Bruxelles sur la qualité de l’eau. Pour Eau et Rivières de Bretagne, le projet de l’Etat de suspendre quatre nouvelles prises d’eau constitue «une véritable capitulation face à la pollution et une gabegie financière considérable».