Les difficultés d'approvisionnement persistaient lundi dans les stations-service en France, principalement dans l'Ouest et la région parisienne. Elles devraient se prolonger plusieurs jours en dépit du déblocage de plusieurs dépôts et de la fin de la grève dans trois raffineries.
Seuls neuf dépôts de produits pétroliers situés dans les raffineries en grève étaient encore paralysés en France lundi après-midi, selon Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip). Ainsi, tous les dépôts situés en dehors de nos raffineries seraient débloqués, d'après l'Ufip.
Neuf dépôts situés dans des raffineries étaient encore bloqués lundi en début d'après-midi, juste avant l'annonce de la fin de la grève des salariés des deux raffineries Esso situées à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Gravenchon (Seine-Maritime). Plus tôt dans la journée, le dépôt de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) a été débloqué par les forces de l'ordre. Les salariés de la raffinerie de Reichstett (Bas-Rhin, du groupe Pétroplus) ont également voté pour la levée du blocage des expéditions de leur site entamé le 15 octobre 2010.
Pour les raffineries qui ne fonctionnent pas depuis dix à quinze jours selon les sites, « on va voir ce qui va se passer dans la journée : il y a un certain nombre de raffineries qui ont des assemblées générales » et qui « vont voter la reprise du travail ou pas », a-t-il ajouté.
Reconnaissant que, comme prévu, la situation avait été « difficile » lundi matin sur le front de l'approvisionnement des stations-service, sans plus de précision, M. Schilansky a assuré « qu'on (revenait) vers le niveau auquel on était avant le week-end, c'est-à-dire 25 % » de stations connaissant des problèmes de pénurie.
La FNSEA a estimé dans un communiqué lundi que, si « le droit de grève est un droit constitutionnel » qu'il ne s’agit pas de « remettre en cause, force est de constater que les problèmes d’approvisionnement commencent à devenir aigus pour le secteur agricole ».
Le syndicat agricole majoritaire explique que le blocage des raffineries, avec le manque de gazole qu'il entraîne, « est un frein à l’approvisionnement général des fermes avec, à la clé, des difficultés pour les semis et autres travaux des champs, mais surtout pour l’approvisionnement en alimentation animale ». La collecte est « difficilement assurée », et le non-enlèvement « de nombreux animaux » des exploitations occasionne « une vraie gêne pour les éleveurs », renchérit la FNSEA.
Le syndicat se plaint également de la « réelle pression » que « les activités sous serre subissent », avec une « difficulté particulière pour la filière horticole » en période de livraison des chrysanthèmes.
La FNSEA a demandé au gouvernement, compte tenu du caractère « vivant » des activités agricoles, de donner la priorité d'approvisionnement aux agriculteurs.
L'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) s'inquiète de la vulnérabilité du Grand Ouest, « région agroalimentaire majeure en France », dont environ 10 % des stations (une dizaine sur 126) distribuent encore du carburant. Elle met également en avant le caractère prioritaire des produits agroalimentaires, de « première nécessité » pour l'alimentation humaine et animale.
« Si la pénurie perdure dans les prochaines 48 heures et si le blocage des ports se poursuit, nombre d'usines ne pourront plus être approvisionnées en matières premières ou faire face à leurs obligations de collecte ». Elles devront « fermer leurs portes ou certaines lignes de production », souligne l'Ania.
Blocages de dépôts : PME et artisans dénoncent des grèves « irresponsables » Les organisations patronales représentant les PME et les artisans ont jugé lundi « irresponsable » de prolonger le mouvement de grèves actuel, qui pénalise particulièrement, selon elles, les entreprises les plus fragiles. « La reprise qui semblait poindre s'éloigne au fur et à mesure que la chienlit s'installe », a estimé dans un communiqué la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME). Pour l'organisation patronale, « prolonger le mouvement actuel est clairement faire preuve d'irresponsabilité ». Selon la CGPME, « on peut raisonnablement chiffrer le coût des grèves et de leurs effets induits à plus de 4 milliards d'euros pour l'économie française, soit le coût annuel de la prime pour l'emploi (PPE), ou encore une augmentation de près de 0,5 % de la TVA ». Le gouvernement a de son côté chiffré lundi « entre 200 et 400 millions d'euros » par jour le coût du conflit sur les retraites. L'Union professionnelle artisanale (UPA), dénonce une pénurie de carburant qui « pénalise le plus les artisans et commerçants de proximité ». Elle cite en particulier les boulangers et charcutiers : « Ils ont du mal à livrer et poursuivre leur tournée », indique l'organisation patronale. L'UPA a demandé le 21 octobre 2010 à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, de « réactiver le plan en faveur des entreprises en difficulté qui avait été mis en place au début de l'année 2009 entre les organismes fiscaux et sociaux ». Dimanche soir, le Medef a aussi estimé que « des moratoires Urssaf » devaient être envisagés pour les entreprises « déjà fragilisées par la crise ». |
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