« Tendu ». C’était le maître mot du point sur les marchés dressé par Bruno Hot, le directeur de l’Office national interprofessionnel des grandes cultures (OniGC) à l’issue du conseil spécialisé mensuel de la structure, mercredi 14 mars.
« La production mondiale est annoncée à la hausse, mais les besoins aussi. Même sans accident climatique, le bilan sera très tendu », a estimé Bruno Hot. Ainsi, malgré une évaluation à 624 millions de tonnes (Mt) par le Conseil international des céréales pour la prochaine récolte planétaire de blé, c’est-à-dire une progression de 34 Mt par rapport à l’an dernier, les ratios stocks/consommation sont au plus bas. « La prochaine moisson devra être importante pour que l’étau ne se resserre pas un peu plus en terme de stock », a déclaré le directeur de l’OniGC. Cette situation de grande nervosité devrait entretenir la fermeté actuelle des cours jusqu’à la nouvelle campagne, mais sera aussi source d’importantes fluctuations des prix, à la hausse comme à la baisse, à la moindre information portant sur le niveau de la collecte.
A l’échelle française, le constat est similaire. Pour Bruno Hot, « la campagne est faite, et nous avons un bilan équilibré grâce à la remise sur le marché de nos stocks, mais nous allons entamer la campagne à venir avec des stocks nuls ». Sans cette réserve, une augmentation de 5 Mt de la collecte de blé tricolore ne devrait donc pas plomber le bilan 2007/2008. D’ici-là, la fin de campagne ne devrait pas révéler de surprises pour les céréales françaises, confrontées à une présence importante de l’Ukraine, qui a levé en février les restrictions à l’exportation de céréales fourragères, et de la Russie sur nos marchés habituels. Cela ne devrait pas remettre en cause les prévisions d’exportations pour le blé tendre, mais a conduit l’OniGC a revoir à la baisse les expéditions d’orge sur pays tiers.
« La bulle se dégonfle après les opportunités dont ont bénéficié les orges françaises », a analysé le directeur Bruno Hot. Suivant la tendance imprimée par les tirages de certificats à l’export, les prix de l’orge ont décroché pour perdre près de 15 €/t en deux mois, désormais à 131 €/t rendu Rouen. Dans le bilan de l’OniGC, les exportations sur pays tiers de l’orge reculent de 200 000 t par rapport au mois dernier, désormais à 700 000 t. Cette chute est compensée par une progression des utilisations intérieures de même ordre de grandeur.