Les produits agricoles se seront très largement échangés au cours de cette campagne sur le marché mondial. Le CIC (Conseil international des céréales) estimait le 28 mars 2008 à 229 Mt le total des échanges de blé et de céréales à gros grains contre 221 Mt l'an passé. La baisse des stocks mondiaux a logiquement correspondu avec des flux de matière plus importants.
La cherté des matières agricoles a eu le double effet de diminuer la part du transport dans le prix du produit livré et d'inciter les opérateurs à aller aux plus bas coûts, au détriment de la proximité et des marchés traditionnels. C'est typiquement ce qui s'est passé cette année pour le maïs européen, qui n'a pas trouvé preneur au sein de l'Union européenne face à la compétition du sorgho et du maïs argentin et brésilien.
«L'Espagne a notamment très largement privilégié le maïs provenant d'Amérique latine qui affichait un avantage comparatif d'environ 20 €/t rendu sur le territoire», a précisé Patrice Germain, directeur général adjoint de l'OniGC (Office national interprofessionnel des grandes cultures) le 9 avril 2008 à l'issue de la réunion du conseil de direction spécialisé de l'office.
Certains agriculteurs et opérateurs français auraient également toujours du mal à intégrer la nouvelle donne d'un maïs moins cher que le blé et attendraient une fenêtre plus favorable pour se décider à faire de la place dans les silos. «Cette situation est préoccupante et porterait à 3,3 Mt les stocks de report de maïs français», indique l'OniGC. L'Union européenne a déjà importé 11 Mt de maïs et l'OniGC prévoit à 12 Mt, le poids total des importations de maïs en fin de campagne.
La situation est un peu différente en blé. Les exportations ont repris à la fin de février et en mars, et le marché intracommunautaire n'a pas tant souffert des importations étrangères que le maïs. Malgré cela, les exportations n'ont pas été à la hauteur des espérances confie l'OniGC: «Le stock de report est anormalement élevé malgré la mauvaise récolte de cette année.»
Les exportations françaises et européennes ont été pénalisées par la trop grande fermeté de l'euro par rapport au dollar. Les échanges se faisant en dollar, la tonne de blé payée à un pays de la zone euro apparaît alors anormalement chère. Malgré un problème additionnel de poids spécifiques assez bas à la récolte de 2007, la France a tout de même réussi à bénéficier en blé d'une ouverture à l'exportation en mars liée à la faiblesse des stocks américains.