Après avoir encore essuyé des baisses importantes, ces deux dernières semaines, «il semble que les cours du blé tendre se stabilisent à un point bas», expliquait Patrice Germain, directeur général adjoint de l'OniGC (Office national interprofessionnel des grandes cultures), à l'issue du conseil spécialisé céréales, mercredi. «Mais l'orge et le maïs ne sont certainement pas au bout de la baisse», sur le marché mondial, a t-il poursuivi.
Les origines mer Noire n'en finissent pas de faire parler d'elles. «Les blés russes sont très largement fourragers en raison de dégâts d'insectes», commentait un trader lors des journées de l'Aftaa début décembre. De même, des chargements de blé ukrainiens ont à maintes reprises été refusés pour des raisons de qualité. Il n'en reste pas moins que ces deux pays se montrent très agressifs à l'export, toutes céréales confondues.
«Les orges européennes à 101 euros/t n'ont aucune chance face aux produits de la mer Noire», explique ce même trader. D'autre part, les autorités russes souhaitent limiter la baisse des prix des céréales pour le producteur, afin de ne pas compromettre les emblavements et la production de l'année prochaine.
«Les Russes sont prêts à donner des aides au transport et des restitutions à l'exportation pour soutenir les prix», explique Patrice Germain. Ces subventions pourraient encore accroître la compétitivité des origines russes sur la scène internationale. Ainsi, même si la logistique fluviale pourrait prochainement se trouver gelée en raison de l'hiver, la détermination du gouvernement russe à exporter leur donnera les moyens de le faire par d'autres voies.
Pour l'heure, tous les espoirs sont désormais tournés vers février-mars, date avant laquelle aucune reprise des cours n'est envisagée, s'accordent à dire les analystes. Cette période sera marquée par de nouvelles informations sur les perspectives de semis de printemps, notamment de maïs et de soja.
Récoltes décevantes dans l'hémisphère Sud Les prévisions confirment une baisse très forte de la production de blé en Argentine. «Avec seulement 6 Mt de capacité à l'exportation, elle devrait se contenter d'approvisionner sa zone de chalandise proche», a expliqué Patrice Germain. En Australie, la récolte est qualifiée de moyenne. A 20 Mt, elle est loin des records historiques de production de 25 Mt. « Après deux années où l'Australie n'a pas pu satisfaire ses clients traditionnels en raison de la sécheresse, la puissance du Wheat Board (bureau des blés) australien se trouve compromise», explique un trader. Cela signifie que les appels d'offres, à venir notamment du golfe Persique, ne sont pas gagnés à l'origine australienne, et que l'Europe pourrait placer ses blés vers ces destinations. |