«La bonne tenue des marchés des matières premières ne peut tenir lieu de politique agricole, a martelé Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, à l‘occasion de l‘assemblée générale d‘Orama, le 10 juin à Troyes. Il n’y a pas de fatalité au démantèlement des outils de régulation du marché. La négociation ne fait que débuter. Le maintien de l’intervention est ma première priorité. A nous de faire des propositions pour qu’elle ne constitue pas un débouché.»
Le ministre a ainsi fait écho aux propos tenus par les professionnels au cours de la table ronde qui précédait. «Le système d’appel d’offres que propose la Commission est imprévisible, a souligné Jean-Jacques Vorimore, d'Orama. Et tout ce qui est imprévisible accentue la volatilité des marchés. Or, l’Europe se doit de contribuer à la stabilité.»
Le «deuxième principe» sur lequel le ministre ne «transigera pas», c’est la nécessité de mettre en place un dispositif assuranciel, vis-à-vis des risques sanitaires et climatiques et même «pourquoi pas?» sur le risque "prix".
Sur les bases actuelles, une signature à l’OMC serait «un marché de dupes pour l’Europe et une véritable catastrophe pour les pays les plus pauvres, a poursuivit Michel Barnier. Les gagnants en seraient les Etats-Unis, qui viennent sans aucun complexe de consolider leur propre agriculture en prenant une certaine liberté avec les règles de l’OMC».
«J’entends votre argument d’un dispositif flexible, comme ce que viennent de voter les Etats-Unis. Je peux la faire mienne, mais elle n’est pas du tout dans les propositions de la Commission», a conclu le ministre qui présidera à partir du début de juillet le Conseil des ministres de l’Agriculture des 27.