« La France a une chance à saisir sur la filière de la chimie du végétal », a estimé Christophe Rupp-Dahlem, président de l'Association Chimie du Végétal (ACDV), mercredi en conférence de presse. L'association, qui organise les 8 et 9 avril prochains à Lille la troisième édition du Plant based Summit, entend ainsi multiplier par deux d'ici à 2020 le volume de biomasse utilisée pour la chimie végétale et les biomatériaux. « C'est un objectif ambitieux avec la baisse actuelle du prix du pétrole, mais atteignable », confie le président de l'ACDV. Selon lui, « il faut davantage communiquer sur les avantages de la chimie végétale. »
La chimie du végétal, qui s'inscrit dans la bioéconomie, est une « voie d'innovation et de diversification de la chimie durable et bénéficie en France d'un contexte favorable à son développement », assure l'ACDV. Mais, selon elle, il faut mettre en place une stratégie française à long terme pour développer cette filière, comme l'ont déjà mis en place certains pays européens comme l'Allemagne, le Danemark ou l'Angleterre.
Depuis 2012 en Europe, il existe des initiatives sur la normalisation des produits biosourcés, des partenariats public-privé qui ont conduit à la création d'une agence qui gère les programmes d'innovation au niveau européen. La Commission européenne va ainsi mettre sur la table 1 milliard d'euros sur cinq ans pour faire émerger des projets biosourcés en Europe.
« La France, leader en matière de recherches »
« Il y a une volonté des pouvoirs publics français de mettre en place cette année une stratégie française, s'est réjoui Christophe Rupp-Dahlem. Il existe aujourd'hui des initiatives mais elles ne sont pas regroupées et encadrées ».
« La France est pourtant un pays leader en matière de recherches, explique Christophe Luguel, responsable des affaires internationales du pôle de compétitivité IAR. Mais il y a trois grands freins à lever pour développer la filière de la chimie du végétal : il n'y a aucune chaîne de valeur établie, il faut donc développer un réseau entre acteurs de filières différentes ; le passage de la recherche à la réalité commerciale est compliqué, et c'est particulièrement vrai pour la bioéconomie ; il faut développer des marchés de masse critiques pour créer une économie d'échelle. »