Plusieurs dizaines de milliers d'agriculteurs et d'éleveurs se sont mobilisés lundi pour des manifestations et des rassemblements dans l'ensemble de la Colombie en vue d'exiger des autorités des aides et un meilleur accès à la propriété.
« Nous estimons que 25.000 à 35.000 personnes se sont mobilisées aujourd'hui dans tout le pays », a annoncé Eberto Diaz, porte-parole de la Table nationale de dialogue agraire, qui coordonne ce mouvement d'une durée illimitée. De son côté, le président Juan Manuel Santos a déclaré que « la grève n'avait pas eu l'ampleur attendue ».
Les paysans entendent obtenir l'ouverture de négociations nationales avec le pouvoir sur la question agricole. Le 8 août, leurs syndicats avaient présenté au gouvernement une liste de requêtes qui, selon M. Diaz, est restée lettre morte.
Ces demandes comprennent l'établissement de prix planchers pour certains produits et la baisse des prix des intrants agricoles. Les petits agriculteurs demandent aussi des garanties en matière d'accès à la terre et de constitution de réserves paysannes, sortes de communautés autonomes, ainsi que de meilleurs services publics dans les campagnes.
Les réserves paysannes ont fait l'objet en 1994 d'une loi autorisant leur création pour les communautés indigènes, les descendants d'Africains et les agriculteurs, qui prévoit un certain degré d'autonomie et de sécurité. Le texte n'a toutefois jamais été mis en application, notamment parce que l'éventualité de voir des millions d'hectares destinés à des zones où la guérilla pourrait imposer son influence alarme divers milieux.