Passage de témoin à la Confédération paysanne qui, faisant suite à l'élection du nouveau comité national lors de son congrès à Nevers les 23 et 24 avril dernier, a élu le 22 mai 2013 les sept nouveaux membres du bureau (tous éleveurs, dont deux femmes). Téléchargez la liste et les profils des élus de la Confédération paysanne.
Philippe Collin quitte ses fonctions de porte-parole pour mettre ses convictions syndicales à l'épreuve du terrain. Ce céréalier de l'Yonne se lance, à structure équivalente, dans l'élevage laitier, avec deux jeunes agriculteurs avec 300.000 litres de quotas, dont une partie qui sera transformée (zone d'appellation Epoisses). « Je crois aux vertus de l'exemplarité, je veux montrer que c'est possible, même si beaucoup me trouvent "givré" », explique le syndicaliste, pour qui cette réaction est symptomatique de l'état d'esprit actuel.
Au syndicat, la relève est déterminée et convaincue de la légitimité de son combat. Laurent Pinatel, 42 ans, est le nouveau porte-parole (visionnez l'interview du nouveau porte-parole de la Confédération paysanne). Eleveur laitier (275.000 litres de quotas, bio depuis 2010, dont une partie – 22.000 litres – transformée et vendue en direct) et allaitant (20 vaches allaitantes – vente directe) est installé en Gaec avec deux jeunes (sa sœur et un hors-cadre familial). Laurent Pinatel est de la Loire, un département très impliqué dans la crise du lait de 2009, où au sein du syndicat, il était plutôt en charge du dossier sur le lait. Il fait d'ailleurs partie des sept éleveurs poursuivis en justice pour avoir épandu du lait sur des bâtiments administratifs. « Le tribunal de Saint-Etienne a reconnu la légitimité de notre action », estime-t-il. Il en veut pour preuve l'absence de peine à son encontre et des sanctions « très faibles » contre ses collègues.
Pas de rupture entre les deux équipes. L'avenir de l'élevage, la loi d'avenir et la réforme de la Pac sont les trois priorités avec une idée sous-jacente, l'emploi. « Nous devons obtenir une meilleure prise en compte de l'élevage (rapport de 1 à 7 entre éleveurs et céréaliers concernant les aides Pac), explique Laurent Pinatel. C'est par l'élevage qu'on permettra de maintenir des actifs. » Le porte-parole tient à rappeler « qu'on n'a pas un paysan de trop en France » et, à l'attention du gouvernement, que l'agriculture est un gisement « formidable » d'emplois. « Quelle agriculture pour la France ? Combien de paysans ? Le gouvernement ne se pose pas la question », regrette-t-il alors que la loi d'avenir en préparation doit apporter des perspectives aux agriculteurs.