Le Centre d'information des viandes (CIV) organisait mercredi 13 mai un colloque à Paris sur la place de la viande dans l'alimentation durable.
Depuis quelque temps, la consommation de viande, en particulier de viande rouge (bovins et ovins), fait l'objet d'attaques en règle tant du côté de l'environnement que de celui de la nutrition. Lors du colloque du CIV, les chercheurs ont souligné la complexité du sujet et le côté très partiel des études qui alimentent aujourd'hui le buzz médiatique.
L'enseignement du colloque, c'est finalement d'éviter tout emballement sur des messages simplistes vu la complexité des sujets comme l'alimentation, la santé et l'environnement. Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition à l'institut Pasteur de Lille, était le plus méfiant face aux interdits et dictats : « Même les graisses saturées ne sont pas à bannir. » Pour ce chercheur, tout est dans la modération et dans la diversité, un peu comme le régime méditérannéen. « La viande apporte beaucoup de nutriments. On peut la supprimer si on veut être végétarien. Mais il faut que d'autres aliments apportent l'ensemble des nutriments nécessaires. En revanche, les régimes végétaliens ne peuvent pas être conseillés car les risques de carence sont probables ».
Autre mode de consommation à éviter : les grillades excessives des viandes comme des poissons ou encore les quantités élevées de nourriture. « Une consommation de viande autour de 100 grammes par jour parait correcte », estime-t-il. « La médicalisation excessive des conseils autour de l'alimentation finit par troubler le consommateur alors qu'il y a peu de maladies nutritionnelles. Aujourd'hui, on a l'impression que manger rend malade. Mais se nourrir, cela fait du bien. On mange diversité, terroir, convivialité ! » Son message est un message de variété alimentaire et de modération sur les quantités consommées.
Du côté de l'environnement, Gabriel Masset, de l'université d'Aix-Marseille, s'est penché sur les effets de l'élevage sur les gaz à effet de serre. Il a souligné que l'élevage avait un impact négatif. Si on supprimait la viande dans l'alimentation, cela entrainerait une régression de 12 % de l'impact de l'agriculture. Mais si les fruits et légumes remplaçaient la viande dans les assiettes, l'impact sur les gaz à effet de serre serait encore plus négatif de +2,7 %. Il faudrait en effet les ingérer en grande quantité pour obtenir les mêmes apports nutritionnels.
Enfin, les interlocuteurs soulignaient tous les efforts faits et à faire pour éviter les gaspillages alimentaires qui sont imputables pour 11 % au commerce et à la distribution, pour 15 % à la restauration hors foyer et pour 67 % aux ménages. L'information du consommateur devient primordiale.