Un éleveur de porcs de Pluduno, près de Dinan (Côtes-d'Armor), a entamé vendredi son huitième jour de grève de la faim, comptant sur la visite du Premier ministre Manuel Valls dans la région pour lui exposer la crise que traverse la filière.
« J'ai commencé ma grève de la faim vendredi (6 mars 2015) », a déclaré à l'AFP Fabien Laisné, 40 ans, qui perd environ 1 kg par jour mais continue cependant de travailler dans son élevage qui compte environ 200 truies. Sa grève de la faim est destinée à « interpeller les pouvoirs publics », a-t-il confié. « Depuis plusieurs mois, on a essayé d'actionner tous les leviers, on a rencontré des politiques, fait des actions dans les supermarchés... Il faut maintenant interpeller plus fortement que simplement déambuler devant la préfecture », a-t-il ajouté.
M. Laisné espère rencontrer le Premier ministre, en déplacement dans la région pour un meeting vendredi, l'occasion pour lui d'exposer de vive voix la situation des éleveurs, frappés par la faiblesse des cours du porc qui ne couvrent pas leurs coûts de production.
Jeudi, au marché au cadran de Plérin, qui sert de référence au niveau national, le porc s'échangeait à 1,226 euro le kilo alors que, selon les éleveurs, le prix de revient se situe à 1,55 euro environ.
« L'urgence de prix rémunérateurs »
« Il faut qu'on sache s'il y a un avenir de l'élevage de porcs en France », a souligné M. Laisné, alors que « des pays comme l'Allemagne et l'Espagne soutiennent, eux, leur production ». « L'urgence, c'est d'avoir un prix rémunérateur », a-t-il poursuivi. « Il faut donc assurer une répartition plus équitable des marges, entre l'éleveur et la grande distribution. »
La politique de prix bas menée par la grande distribution est pointée du doigt par les éleveurs qui réclament une hausse des prix de 50 centimes au kilo.
Selon la FDSEA des Côtes d'Armor, de 150 à 200 exploitants risquent de disparaître dans ce département en raison de la crise, provoquée aussi par l'embargo russe sur la viande de porc, alors que la Russie représentait le quart des exportations européennes.
Et, dans toute la Bretagne, « 30 % des éleveurs pourraient ne pas survivre à la crise », a déclaré à l'AFP Didier Lucas, président de la FDSEA 22. Selon lui, la Bretagne compte 5.900 exploitations porcines. Depuis 2008, a-t-i l précisé, 1.163 exploitations ont disparu.