La fausse alerte au botulisme sur des laits pour bébé en Chine n'est pas sans conséquence pour Danone : elle va lui coûter 280 millions d'euros et l'oblige à revoir ses ambitions à la baisse pour 2013.
« Cette affaire va nous coûter un peu plus de 1,5 point de croissance sur l'année » en termes de chiffre d'affaires (350 millions), a expliqué mercredi Pierre-André Térisse, directeur général des finances de Danone, à quelques journalistes.
Et elle coûtera au groupe 280 millions de marge, dont 170 millions de coûts de retrait des produits et de plans de relance de la consommation, a-t-il poursuivi.
Résultat : le géant agroalimentaire français se voit dans l'obligation d'ajuster ses prévisions. Il table désormais sur une croissance des ventes comprise entre 4,5 % et 5 % (contre « au moins » 5 % auparavant) et sur un repli de sa marge opérationnelle de 0,8 point (contre un repli situé entre 0,3 et 0,5 point avant).
Et sa branche de nutrition infantile est d'ores et déjà plombée par cette histoire : les ventes d'aliments pour bébés se sont effondrées au troisième trimestre de 13 % en variation historique (-8,6 % en données comparables), à 924 millions d'euros. Ce segment était encore un moteur de croissance important pour le groupe au trimestre précédent avec des ventes en hausse de plus de 10 %.
Une contre-performance qui a logiquement pesé sur le chiffre d'affaires global du groupe avec des ventes stables au premier trimestre (4,2 % en données comparables), à 5,259 milliards d'euros.
Maintenant, les priorités du groupe sont « d'ajuster les stocks » en Asie et « de continuer à rassurer le consommateur ». « Ces actions permettront aux ventes de redécoller en 2014, dès que le sujet des stocks sera purgé », selon Pierre-André Térisse.
Les plans de relance de la consommation « sont efficaces » mais le redémarrage des ventes reste « très progressif », reconnaît-il. En septembre, le groupe n'a réalisé que 40 % de son niveau de ventes d'avant cette crise dans les marchés concernés.
A la Bourse de Paris, les investisseurs accueillaient mal ces nouvelles : en fin de matinée, l'action Danone chutait de 3,3 % à 51,29 euros, dans un marché en repli de 0,64 %.
Le troisième trimestre de 2013 « affiche des tendances plus contrastées que prévu avec un fort recul de la division infantile et, une fois de plus, une excellente performance de la division des eaux », analyse un courtier parisien souhaitant garder l'anonymat.
« L'Asie va durablement pénaliser les ventes et les résultats du groupe », anticipe-t-il.
Sur les autres pôles d'activité du groupe, les ventes de produits laitiers frais – le plus grand segment du groupe – sont restées quasi stables (4,6 % en données comparables), tandis que celles des eaux ont effectivement bondi de plus de 13 % (17 % en données comparables).
A noter que l'Europe continue son lent redressement avec des ventes désormais en repli de 1 %, contre encore -3 % au trimestre précédent et -5 % au premier trimestre.
Au final, les ventes sur les neuf premiers mois sont en hausse de 3,7 % (5,5 % en données comparables), à 16,317 milliards.
Fonterra, la plus importante coopérative laitière de Nouvelle-Zélande, avait révélé au début d'août que trois lots de petit-lait (lactosérum) – utilisé pour la fabrication de laits maternisés et de boissons pour les sportifs – contenaient une bactérie pouvant causer le botulisme, une intoxication susceptible de provoquer la paralysie, voire la mort.
Il s'était avéré par la suite que la bactérie détectée n'était en réalité pas le botulisme mais la Clostridium sporogenes, qui est inoffensive.
Danone, qui se fournit en partie chez Fonterra, avait dû procéder à des rappels de précaution dans huit pays d'Asie-Pacifique (Nouvelle-Zélande, Singapour, Malaisie, Chine, Hong Kong, Vietnam, Cambodge et Thaïlande). Il est en discussion depuis avec le néo-zélandais pour régler le contentieux.