Le nombre de médecins est quasi stable en France, mais ce constat général cache d'importantes disparités au niveau des régions, départements et bassins de vie, selon l'édition de l'atlas régional de l'Ordre des médecins de 2013, publiée jeudi.
« La donnée générale est une chose mais la réalité en est une autre et, d'un territoire à l'autre, il y a bien sûr des différences, certaines régions ne sont pas en récession professionnelle, d'autres le sont », a déclaré lors d'une conférence de presse le président du Conseil national de l'ordre (Cnom), Patrick Bouet, présentant cet atlas. Ainsi, alors que le nombre de médecins a augmenté de 0,9 % entre 2007 et 2013 (215.865), il a diminué de 2,3 % dans le Centre, de 4,2 % en Ile-de-France, progressant dans le même temps de 4,7 % dans les Pays de la Loire et de 4,5 % dans le Rhône-Alpes.
A l'intérieur même d'une région, d'importantes différences sont constatées, montrent les projections entre 2013 et 2018 : en Picardie, la Somme verra ses effectifs augmenter (+3,2 %) tandis qu'ils vont diminuer dans l'Oise (-2 %) et l'Aisne (-3,2 %). De façon générale, « les disparités régionales et départementales s'accentuent », a relevé Jean-François Rault, en charge de la démographie.
Au niveau national, les effectifs de généralistes sont en baisse tandis que ceux des spécialistes augmentent. Mais certains départements échappent à cette règle, comme la Savoie où l'on recense de nombreux généralistes : cette tendance s'explique par les « conditions de vie » mais aussi par « la géographie du département et son activité touristique » ; « cela correspond à une demande de la population », a expliqué Patrick Romestaing, vice-président du Cnom. « Indiscutablement, les villes ne font plus recette » chez les médecins, selon lui. A plus petite échelle, dans certains bassins de vie, le nombre de médecins généralistes diminue alors que la population augmente, comme dans le Nord-Pas-de-Calais.
Mais cet atlas interroge surtout sur la notion même de « désert médical »: « Pourquoi vouloir mettre un médecin là où il n'y a plus de services publics, plus d'école, plus de poste ? », s'est interrogé M. Romestaing. « Il ne faut pas à tout prix vouloir sa maison de santé, surtout à l'approche d'échéances électorales (...) : organisons-nous différemment, sur des modes différents, sans doute qu'il faudra que les patients se déplacent davantage », a-t-il ajouté.
L'atlas remet aussi en question les idées reçues sur l'attractivité de certaines zones. L'Ile-de-France, région la mieux dotée en médecins, voit désormais ses effectifs diminuer : Paris, en particulier, enregistre la plus forte baisse, surtout chez les médecins généralistes : -20 % entre 2007 et 2013. « Désormais, le premier choix des internes, ce n'est plus Paris, c'est Bordeaux », selon M. Rault. Les régions les plus prisées sont les Pays de la Loire, le Rhône-Alpes, la Bretagne et l'Alsace.
Ces données montrent enfin que, dans de nombreuses régions, le nombre d'ophtalomologistes remonte, alors qu'il s'agit de la profession pour laquelle les délais d'attente sont les plus importants, notamment en raison d'un manque de praticiens et d'une demande élevée.