Environ 350 personnes, selon la police, ont manifesté samedi au niveau du portique de Pont-de-Buis (Finistère) contre l'écotaxe, qui cristallise une vive opposition en Bretagne, notamment dans les milieux économiques et agricoles, a constaté l'AFP.
La manifestation a pris fin vers 15h00 après quelques incidents, les CRS répliquant par des tirs de grenades lacrymogènes à des jets de fusée de détresse et à des tentatives de forcer le grillage destiné à empêcher les manifestants d'accéder au portique.
Au total, environ 80 camions et plus de 150 voitures particulières avaient emprunté en milieu de matinée la nationale 165 fermée à la circulation entre le Faou et Châteaulin, rejoignant en klaxonnant deux points de ralliement de part et d'autre du portique protégé par les CRS.
Les deux cortèges étaient composés principalement de transporteurs et de routiers mais également d'agriculteurs, de pêcheurs et de quelques salariés d'entreprises en difficulté, dont Gad et Marine Harvest.
A la demande du Collectif pour l'emploi, à l'initiative de cette opération « Pique-Nique sous le portique », la seconde en une semaine, le secrétaire général de la préfecture du Finistère, Martin Jaeger, est venu dialoguer avec les manifestants et rappeler le plan d'aide mis en place par le gouvernement pour aider notamment la filière agroalimentaire en difficulté.
« L'aide de l'Etat existe mais elle doit se faire en respectant les règles de la concurrence, qui sont les règles de l'Europe », a dit le représentant de l'Etat.
« Europe sociale, non au dumping social dans les entreprises, oui à un salaire minimum européen », ont alors scandé plusieurs manifestants.
« Les pêcheurs sont solidaires, cette écotaxe est inacceptable », a expliqué Olivier le Nézet, président du comité des pêches de Bretagne. « Au départ, c'était le principe pollueur payeur, aujourd'hui c'est juste un nouvel impôt et la Bretagne est en première ligne car elle est excentrée », a-t-il ajouté.
« On ne veut pas devenir collecteur de taxes pour l'Etat, on nous demande trop, on est écrasé par la paperasserie, on en a marre », a ajouté Didier Rannou, transporteur.
Symboliquement, les manifestants ont offert des chrysanthèmes au représentant de l'Etat. « C'est pour montrer la mort de notre économie », a expliqué Thierry Merret, un des porte-parole du collectif et président de la FDSEA du Finistère.
« On reviendra, le portique tombera », ont scandé plusieurs manifestants au moment de remonter dans leurs véhicules.
Début août, un premier portique enjambant la nationale 12 avait été abattu lors d'une manifestation du collectif pour l'emploi. Récemment, deux portiques écotaxes ont été sabotés, l'un dans le Finistère, l'autre dans le Morbihan.
Jeudi, le conseil général du Finistère, à majorité de gauche, s'est prononcé à l'unanimité contre la mise en place de l'écotaxe en Bretagne, région ou l'agroalimentaire traverse une grave crise, les élus redoutant « une incidence catastrophique » sur l'économie.
La veille, le président (PS) de la région Bretagne, Pierrick Massiot, avait demandé un « moratoire » sur cette taxe.