Le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a cartographié les différents courants d'influence internationaux qui gravitent autour du secteur de l'élevage. Ce rapport, publié le 15 septembre 2015, répond à une demande du gouvernement et a pour but de renforcer la présence du ministère de l'Agriculture au sein des différentes enceintes d'influence.
Pour ce faire, le CGAEER a classé les groupes d'influence en trois niveaux que sont « les projets de consensus » où siègent les institutions gouvernementales, les « organismes professionnels internationaux » où se mêlent pouvoirs publics et acteurs privés, et les « initiatives d'influence » qui regroupent les entités privées ou les ONG autour de stratégies de lobbying. Ces trois groupes pèsent ensuite sur huit éléments clés identifiés par le CGAAER.
La « révolution de l'élevage »
De ces huit éléments, le terme qui ressort est la « révolution de l'élevage » qui se joue actuellement au niveau mondial. Pour le CGAAER, cette révolution est portée par l'augmentation de la consommation de viande dans les pays en voie de développement. L'organisme ajoute qu'elle est conduite sans « guide suprême », c'est-à-dire sans « gouvernance internationale et, le plus souvent, en l'absence de politiques nationales », il ajoute qu'elle se réalise de manière « très rapide et prend de vitesse les tentatives de mise en place d'un consensus politique au niveau international ». Enfin, le CGAAER précise que la « révolution de l'élevage » n'est que peu influencée par les recherches qui peuvent être menées dans le domaine.
Un focus est également fait sur l'Afrique et sur sa population qui devrait atteindre 20 % du total mondial en 2015 et engendrer des besoins en produits de l'élevage de plus en plus forts. Le CGAAER indique que ce continent « est en manque de politiques agricoles opérationnelles et, a fortiori, de politiques en faveur de l'élevage. »
Perte d'influence de l'Europe et de la France
Concernant les leaders du secteur des viandes, le rapport précise que ce sont aujourd'hui le Canada, les Etats-Unis et le Brésil qui sont à la tête des centres de pouvoir et d'influence. L'Europe et la France, déclinantes dans la production de viande, restent à des positions importantes sur le secteur du lait. Le CGAAER précise que ces positions dominantes sont susceptibles de bouger dans les années à venir.
Concernant le secteur de la viande, le CGAAER s'interroge sur la fin des quotas laitiers en Europe et donc sur l'augmentation des mises sur le marché de réformes laitières. Il précise : « En définitive, c'est la politique européenne en matière de production et d'exportation de viande qui est questionnée alors que le marché européen n'est pas en extension et que les viandes qui seront plus disponibles demain seront des viandes répondant davantage à la demande internationale ».
Le rapport fait également un point sur les mouvements d'influence antiviande qui ont pour le moment un « impact global assez mitigé ».