Quelque trois cents producteurs de pommes polonais ont manifesté dans le calme le 4 novembre 2014 à proximité du bureau du Premier ministre pour réclamer des aides nationales et européennes pour leur profession durement touchée par l'embargo russe adopté en réponse aux sanctions occidentales.
Grands, costauds, veste de cuir et mine sombre, ils ont apporté les drapeaux de leur syndicat et des banderoles déclarant « Ennemis des arboriculteurs, changez de métier », « Monsieur Sawicki [le ministre de l'Agriculture Marek Sawicki], les bureaucrates vous manipulent » ou encore « Prenons les salaires des politiciens, donnons-les aux pomiculteurs ».
Transformer les pommes en biogaz ?
« Aucun pays au monde ne peut absorber le million de tonnes de pommes polonaises » que la Russie a refusées en réponse aux sanctions européennes, a dit Miroslaw Maliszewski, président de l'Union des propriétaires de vergers polonais. « Il faut trouver des moyens d'utiliser ces pommes d'une autre manière, peut-être en les transformant en biogaz, avec des financements polonais et européens », a-t-il ajouté.
Un producteur de pommes de la commune de Goszczyn, au sud de Varsovie, Jerzy Pucek, a déclaré à l'AFP qu'il était venu manifester parce qu'il est « insatisfait, comme tous, des moyens insuffisants qui ne compensent que dans une toute petite mesure leurs pertes ». Il a 500 tonnes de pommes dans ses chambres froides « en attendant de voir ce qu'il sera possible d'obtenir », mais craignant qu'il lui faudra se résigner à leur biodégradation, sans compensation. « Il faut vendre aujourd'hui dix tonnes de pommes pour acheter deux cents litres de gazole », ajoutait avec indignation un de ses camarades.
Dans l'ensemble, la production polonaise de pommes s'est élevée l'an dernier à trois millions de tonnes, un tiers étant exporté, principalement vers la Russie.
La Pologne avait demandé à l'UE des compensations très conséquentes pour ses pomiculteurs, les estimant dans un premier temps à quelque 147 millions d'euros, mais les a réduites cette semaine pour les ramener à 25,8 millions.