Les attaques de pucerons lanigères, associées au stress hydrique de l’été, ont provoqué de très gros dégâts dans les parcelles d’endives cette année.
Depuis le mois de juin, les producteurs d’endives du Nord Pas-de-Calais doivent faire face à des attaques sans précédent d’un puceron, le puceron lanigère ( Pemphigus bursarius ).
«Les dégâts sont très importants, puisqu’ils peuvent conduire à la destruction complète de la parcelle», constate, impuissant, Eric Bayart, agriculteur à Noreuil (Pas-de-Calais) et président du Ceta Endives Artois.
«Le feuillage devient rouge, puis brun tabac, et la plante meurt progressivement. Des parcelles entières ne sont pas récoltables», poursuit-il.
Ce puceron, qui s’attaque aussi aux chicorées et aux laitues, passe l’hiver dans les peupliers d’Italie.
«En juin, les pucerons ailés quittent les arbres pour s’abattre par nuées dans les parcelles d’endives, explique Régis Catteau, ingénieur au Ceta. Le centre de recherche de l’Association des producteurs d’endives de France (Apef) a étudié la biologie de l’insecte.»
«Ce sont les pucerons eux-mêmes qui sont nuisibles et non pas un virus ou une bactérie qu’ils transmettraient. Lorsqu’ils arrivent sur les endives, ils s’enfouissent dans le sol et se nourrissent de la racine d’endive qui dépérit», ajoute-t-il.
«Lorsque l’on déterre une endive, on retrouve une quantité impressionnante de pucerons sur chaque racine, ajoute Alain Delannoy, son collègue au Ceta. Le phénomène a été accentué par le stress hydrique que nous avons eu cet été. Dans un triangle Bapaume-Arras-Cambrai, 200 ha sur les 2.200 ha implantés par les adhérents du Ceta sont touchés avec un rendement divisé par deux, par trois… ou qui ne seront pas récoltés.»
Les autres régions productrices d’endives comme le Pevèle, au sud de Lille, sont aussi concernées.
Les agriculteurs se sentent désemparés, car il n‘existe aucune solution efficace pour lutter contre ce puceron dont les vols s’étalent sur cinq semaines.
Répercussions économiques Pour les producteurs d’endives, l’incidence économique des attaques de pucerons lanigères est considérable. «Lorsque, sur une exploitation, 10 ha d’endives ne peuvent pas être récoltés, c’est un mois de travail pour quarante salariés qui disparaît, commente Eric Bayart, agriculteur dans le Pas-de-Calais. Si aucune solution n’est trouvée, nous craignons un arrêt pur et simple de la production d’endives dans les parcelles concernées, comme cela a été le cas il y a quelques années en Bretagne». |