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Energies renouvelables

L'Allemagne revient en arrière

Publié le mercredi 22 janvier 2014 - 11h53

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Le gouvernement allemand veut freiner le subventionnement des énergies renouvelables et enrayer la hausse des prix de l'électricité pour préserver la compétitivité de son industrie, mais met ainsi en péril, aux yeux de beaucoup, la transition énergétique du pays.

 

Quelques semaines après sa prise de fonction, le ministre de l'Economie et de l'Energie, le social-démocrate Sigmar Gabriel, a fait ses premières propositions sur ce qu'il a qualifié mardi de « plus gros défi pour notre pays ». M. Gabriel veut commencer par tailler dans le soutien aux renouvelables, pierre angulaire de la transition énergétique amorcée il y a quinze ans par le gouvernement de Gerhard Schröder, et passée à la vitesse supérieure quand Angela Merkel a décidé en 2011 l'abandon rapide du nucléaire.

 

Des subventions généreuses ont permis aux renouvelables d'assurer dorénavant près d'un quart de la production et de la consommation d'électricité du pays. L'objectif est de 80 % de la consommation à l'horizon de 2050. Mais elles se traduisent par des prix de l'énergie qui ont grimpé en flèche, et une surcharge évaluée par M. Gabriel à 24 milliards d'euros par an pour l'économie du pays. « Il faut faire attention à ne pas trop charger la barque » pour un pays où « l'industrie est la base » de l'économie, a dit M. Gabriel mardi.

 

D'ici à la fin de juillet, le système va être remanié pour concentrer les aides sur « les technologies les plus prometteuses », l'éolien et le solaire. Même pour celles-ci, le rythme de développement doit être mieux contrôlé. A moyen terme le ministre social-démocrate veut aussi introduire plus de mécanismes de marché dans le système d'aides. Toutes ces mesures vont enrayer la hausse des prix, pas les faire baisser, a toutefois prévenu le ministre.

 

Son plan a reçu le satisfecit de Bruxelles. « Je soutiens totalement les projets de M. Gabriel, ils sont importants et ce sont les bons », a déclaré mardi le commissaire européen à l'Energie, l'Allemand Günther Oettinger.

 

 

L'industrie satisfaite

 

« C'est un grand pas dans la bonne direction », a réagi la fédération BDEW des énergéticiens, et Leonard Birnbaum, membre du directoire du géant EON, a émis un avis « clairement positif ». La fédération BDI de l'industrie, très critique du système actuel, a aussi salué « des premiers pas judicieux ». Elle se réjouit tout particulièrement de la volonté de Berlin de continuer à exempter les industries gourmandes en énergie de tout ou partie de la taxe sur l'énergie, dont les recettes financent les aides aux renouvelables. Ces exemptions sont cependant dans le collimateur de Bruxelles, et Berlin doit les aménager pour satisfaire les services de la concurrence de la Commission européenne.

 

En revanche, pour la présidente du parti d'opposition Vert, Simone Peter, « les propositions de M. Gabriel [...] mettent en péril la transition énergétique ». En suivant cette voie, l'Allemagne, pour qui le charbon est toujours la première source d'électricité, n'atteindra pas ses objectifs de réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2), a prévenu Hermann Falk, de la fédération des énergies renouvelables BEE. L'association de protection de l'environnement Bund a appelé à manifester mercredi et jeudi à Meseberg, près de Berlin, où le gouvernement allemand se réunit pour évoquer entre autres ce sujet.

 

La révision du soutien aux renouvelables ne constitue que la première étape du chantier qui attend M. Gabriel. Il doit ainsi trouver une solution qui assure la rentabilité des centrales fossiles, et notamment à gaz. Beaucoup d'entre elles ne survivent pas à la concurrence des énergies renouvelables. Or le pays en a besoin pour assurer son approvisionnement les jours sans vent et sans soleil. Peter Terium, le patron du numéro deux allemand de l'énergie RWE, a pressé le ministre de s'atteler au problème. « L'industrie est dans une situation catastrophique », a-t-il dit. La concurrence des renouvelables est source de grosses pertes pour son groupe, qui va supprimer près de 7.000 emplois d'ici à 2016.

 


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