« Si la consommation de drogues et les comportements addictifs des jeunes de l'enseignement agricole semblent aujourd'hui comparables à ceux de l'Éducation nationale et des grandes écoles, les situations peuvent varier d'un établissement à l'autre, en fonction de différents critères : taille et situation des établissements (urbain, rural), région, filières de formation, internat, environnement socio-économique... ». C'est le constat d'un rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) dans le cadre d'une mission d'expertise (1) auprès de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), diffusé le 5 février.
Le champ couvert par la mission concerne le tabac, l'alcool, les stupéfiants et les cyberaddictions (téléphones portables, réseaux sociaux, jeux video...), dans l'enseignement secondaire, technique et professionnel ainsi que dans l'enseignement supérieur.
« La mission n'a pas pu s'appuyer sur des données objectives et chiffrées pour établir un diagnostic de situation », car « il manque un dispositif cadre d'observation et de suivi des comportements addictifs des jeunes de l'enseignement agricole technique et supérieur », prévient le CGAAER.
Seule une appréciation qualitative a pu être faite sur la base de témoignages recueillis ou de résultats d'enquêtes écrites, précise le rapport.
L'enseignement secondaire, technique et professionnel est le plus concerné par le phénomène étudié, en intensité comme en effets. Les conséquences sur la santé, la sécurité et les performances scolaires des apprenants sont d'autant plus sensibles qu'une majorité d'entre eux sont encore mineurs. « Le cas de l'enseignement supérieur est différent », car « il concerne des publics adultes et engagés dans une dynamique favorable d'études supérieures », assure le rapport.
Selon le CGAAER, la consommation de drogues, la toxicomanie, et les comportements addictifs des jeunes en général dans les établissements secondaires, techniques et professionnels, sont un « phénomène de société » en raison de leur généralisation, voire leur « ritualisation ».
Les auteurs du rapport estiment que ce phénomène génère des « pratiques de consommation pénalisantes » pour moins de 10 % des effectifs auxquels la mission recommande de se consacrer en priorité par un travail ciblé.
Ils soulignent que « la prévention des pratiques addictives s'inscrit dans un dispositif global d'éducation à la santé, largement laissé à l'initiative de chaque établissement ». Il n'y a pas de dispositif « cadre ».
La mission recommande d'élaborer et de mettre en place un dispositif d'observation et de suivi des comportements addictifs des apprenants de l'enseignement agricole, susceptible d'orienter précisément le travail de prévention. Elle conseille également d'élaborer un dispositif national de prévention pour réguler ce qui relève du « phénomène de société ». Enfin elle milite pour que soit mis en place dans les établissements un dispositif de proximité pour gérer ce qui relève des « situations de consommation pénalisantes ».
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(1) La MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) a sollicité le CGAAER pour apporter son appui à l'élaboration du prochain plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies (2013-2017), pour ce qui concerne l'enseignement agricole (établissements publics et Maisons familiales et rurales).