«Payer les agriculteurs pour les services environnementaux», telle est la problématique analysée dans le rapport annuel de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) sur la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture, publié jeudi.
«L’un des grands défis auxquels est confrontée l’agriculture du XXIe siècle partout dans le monde consiste précisément à améliorer ces services, tout en multipliant par deux la production agricole», affirme le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, en avant-propos du rapport.
«L’agriculture peut à la fois provoquer la dégradation des sols, des ressources en eau, de l’air et des ressources biologiques et en améliorer la qualité; tout dépend des décisions que prennent plus de 2 milliards de personnes qui vivent directement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche ou de l’exploitation des ressources forestières. Il est donc primordial de prendre des mesures incitatives adaptées et de nature à encourager les individus qui vivent de l’agriculture à prendre les bonnes décisions», ajoute-t-il..
Selon le rapport, la demande en services environnementaux est croissante, notamment dans les domaines de l’atténuation des effets du changement climatique, de l’amélioration de la gestion des bassins versants et la préservation de la diversité biologique.
Le rapport indique que la rétribution des agriculteurs peut prendre diverses formes: transactions volontaires faisant intervenir agriculteurs, communautés, contribuables, consommateurs, sociétés commerciales et gouvernements.
Il peut s’agir de paiements directs des gouvernements aux producteurs ou de transferts indirects, tel qu'un supplément de prix que les consommateurs paieraient.
Des centaines de programmes de rétribution des services environnementaux sont actuellement mis en oeuvre dans le monde, essentiellement dans le cadre des initiatives de conservation des forêts, observe la FAO.
Mais «les programmes de rémunération des services environnementaux qui ciblent les agriculteurs et les terres agricoles dans les pays en développement sont relativement peu nombreux», déplore le rapport.
Toutefois, «dans certains cas, la rétribution des agriculteurs pourrait accroître la pauvreté et menacer la sécurité alimentaire, en particulier si elle devait entraîner une diminution du nombre d’emplois agricoles ou un accroissement des prix des denrées alimentaires», fait-on remarquer à la FAO.
«S’ils sont bien conçus, les programmes de paiement des services environnementaux pourraient également favoriser une grande partie du milliard ou plus d’habitants pauvres des pays en développement qui vivent dans des écosystèmes fragiles», précise Leslie Lipper, spécialiste d’économie environnementale à la FAO. Cela requiert un ciblage minutieux ainsi que des mesures de suivi de la fourniture des services environnementaux.
Téléchargez le rapport annuel de la FAO
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture :