L'Agence américaine des médicaments et des produits alimentaires (FDA) a finalisé ses nouvelles réglementations visant à limiter l'usage des antibiotiques dans l'élevage et, partant, à combattre la résistance microbienne grandissante.
Désormais, les antibiotiques utilisés dans l'élevage de bovins, d'ovins et de volailles, qui le sont aussi pour les humains, seront délivrés par des docteurs-vétérinaires, seuls aptes à juger de leur nécessité pour la santé animale, indique la Food and Drug Administration (FDA) dans une directive dévoilée le 2 juin 2015. Pour l'instant, ces antibiotiques sont vendus sans ordonnance. Ils sont fréquemment utilisés non pas pour traiter des animaux malades, mais pour doper leur croissance et prévenir des infections.
« Les mesures prises jusqu'à présent par la FDA représentent des pas importants vers un changement fondamental dans la manière dont les antimicrobiens peuvent être légalement utilisés dans l'élevage d'animaux destinés à la consommation humaine », souligne dans un communiqué le directeur adjoint pour les produits alimentaires, Michael Taylor.
En décembre 2013, la FDA avait déjà publié une directive demandant aux producteurs d'antibiotiques de cesser de mettre en avant, sur l'étiquetage, que ces médicaments stimulent la croissance animale, mais plutôt d'écrire qu'ils requièrent une supervision vétérinaire. Toutes les sociétés concernées par ces médicaments se sont engagées par écrit à participer à la stratégie de la FDA. En 2012, l'agence avait annoncé son intention de limiter l'utilisation de certains antibiotiques, en particulier des céphalosporines, chez les bovins, porcs et volailles.
Le vent tourne
Il est établi que tout usage d'antimicrobiens contribue au développement de la résistance aux antibiotiques, soulignait la FDA. Il est de ce fait important de les utiliser seulement quand cela est nécessaire, ajoutait-elle. Selon une recherche du Translational Genomics Research Institute aux Etats-Unis remontant à 2012, près de la moitié de la viande aux États-Unis était alors contaminée pas des staphylocoques dorés, dont plus de la moitié était résistante à au moins trois types d'antibiotiques.
L'attitude change aux Etats-Unis à l'égard du recours aux antimicrobiens. Le géant mondial de la distribution Wal-Mart a par exemple enjoint le 22 mai ses fournisseurs américains de réduire le recours aux antibiotiques dans les élevages. D'autres groupes, comme le premier volailler du pays Tyson Foods ou encore la chaîne de restauration rapide McDonald's, ont décidé de ne plus mettre en vente de poulet élevé aux antibiotiques.
Environ 23.000 personnes meurent chaque année aux Etats-Unis d'infections provoquées par des agents pathogènes résistants aux antibiotiques.