L'Association française des biotechnologies végétales (AFBV) critique la méthodologie et les conclusions de l'étude choc sur le maïs NK 603 publiée le mois dernier. L'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques se montre, lui aussi, dubitatif.
Marc Fellous, président de l'AFBV, président jusqu'en 2008 de la Commission du génie biomoléculaire (CGB), a vivement critiqué, jeudi à Paris devant la presse, l'étude sur le maïs OGM NK 603 (Monsanto) et sur le RoundUp publiée, à la mi-septembre, par l'équipe de Gilles-Eric Séralini.
Evoquant un « show très médiatique mis en scène par l'équipe du Criigen* », Marc Fellous a pointé un certain nombre de « critiques qui sont maintenant reprises par une grande partie de la communauté scientifique » :
- La taille « trop petite de l'échantillon qui ne permet aucune conclusion statistique valable » ;
- Le choix d'une souche de rat qui « développe naturellement des tumeurs en vieillissant » ;
- Un « manque d'information » sur la composition de l'alimentation donnée aux rats (« certains micronutriments de la ration n'ont-ils pas pu biaiser les résultats ? s'interroge Alain Paris », zootechnicien à l'Inra) ;
- La non-disponibilité des données brutes pour les chercheurs qui souhaiteraient en faire une analyse approfondie.
Paradoxalement, cette affaire pourrait se révéler utile pour la gestion future du dossier des OGM. L'AFBV estime ainsi, par la voix de Marc Fellous, que les tests toxicologiques « peuvent être améliorés au vu des nouvelles méthodes et outils disponibles en 2012 ». Pour Alain Paris, cette affaire pourrait se révéler « salutaire » si elle permettait de « booster » la recherche publique sur les biotechnologies.
Le point de vue allemand
L'AFBV a diffusé, jeudi, une prise de position (n° 037/2012 du 28 septembre 2012) de l'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR) consacrée à la publication de Gilles-Eric Séralini. Sa conclusion générale : « L'expérimentation n'apporte pas suffisamment de preuves pour appuyer les principales affirmations de la publication. »
Le BfR note cependant « avec intérêt que c'était la première fois qu'une telle étude alimentaire à long terme avec une formule contenant du glyphosate avait été effectuée. On ne disposait jusqu'alors d'aucune étude de longue durée, car les réglementations relatives à la toxicologie n'exigeaient de telles études qu'avec le principe actif. ».
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* Criigen : Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique.
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