L'Institut national de veille sanitaire (INVS) a publié ce lundi 29 avril 2013 une étude reflétant l'exposition de la population française aux pesticides qui, pour la famille d'insecticides la plus utilisée, se révèle être plus élevée qu'en Allemagne ou en Amérique du Nord.
Sur la base d'analyses urinaires réalisées en 2007, l'INVS indique que les concentrations de métabolites des pesticides pyréthrinoïdes (famille d'insecticides la plus utilisée aujourd'hui pour le traitement des cultures et les applications domestiques) étaient plus élevées que celles observées en Allemagne, au Canada et aux Etats-Unis.
« La consommation de certains aliments et l'utilisation domestique de pesticides (traitements antipuces ou dans un potager) influençaient de façon notable les concentrations », ajoute l'INVS.
L'étude rendue publique lundi est un des volets d'une grande enquête sur la nutrition et la santé des Français réalisée en 2006-2007. La présence de 42 bio-marqueurs a été mesurée chez 400 personnes pour évaluer l'exposition des Français à trois familles de pesticides (pyréthrinoïdes, organophosphorés et organochlorés) et aux PCB-NDL (polychlorobiphéniles), ces derniers étant interdits depuis 1987.
Pour les pesticides organophosphorés, efficaces sur les insectes et les acariens mais dont les usages ont été fortement restreints, la France présente des concentrations urinaires similaires à la population israélienne mais supérieures à celles des Américains et des Canadiens. Elle affiche en revanche des niveaux inférieurs à l'Allemagne, dont les chiffres datent de 1998. Pour cette catégorie de pesticides, plusieurs facteurs semblent influencer les marqueurs urinaires (âge, corpulence, alimentation) et « également le lieu de résidence et notamment la surface agricole dédiée à la culture de la vigne et l'usage d'insecticides dans le logement ».
L'INVS estime qu'une « attention particulière doit être portée aux pesticides organophosphorés et pyréthrinoïdes pour lesquels les niveaux français semblent être parmi les plus élevés en référence à des pays comparables ».
Pour la dernière famille de pesticides étudiée, les organochlorés, « les mesures et restrictions d'usage semblent montrer leur efficacité », note l'INVS, tout en appelant à « vérifier leur efficacité pour certains chlorophénols ».
Par exemple, les concentrations de l'insecticide DDT (interdit depuis 1971 en France) étaient « voisines, voire plus faibles que dans d'autres pays, notamment en Europe et en Amérique du nord, et encore nettement inférieures à celles observées en Asie ».
Mais si, pour la plupart des chlorophénols, les concentrations moyennes françaises sont similaires à celles mesurées dans les études allemandes et américaines, elles étaient bien supérieures pour deux marqueurs, rapporte l'INVS.
Plus de 90% des pesticides sont utilisés dans l'agriculture, le reste par des jardiniers amateurs et pour usages collectifs comme les voies ferrées.