Le premier acte de l'élaboration du Farm Bill – la loi-cadre américaine pour l'agriculture – pour les cinq prochaines années, s'est achevé le 27 juillet dernier avec le vote du projet par la Chambre des représentants du Congrès. La balle est maintenant dans le camp du Sénat. Sa commission agricole qui étudie actuellement le projet pourrait dévoiler ses propositions la semaine prochaine. Les deux assemblées devront ensuite trouver un compromis qui devra être signé par le président Bush, sauf s'il choisit de mettre son veto.
Pour l'heure, le texte adopté par la Chambre des représentants est finalement peu novateur, comparé au Farm Bill qui expire à la fin du mois. «Globalement, la structure et le niveau du soutien des producteurs aidés est conservée, analyse Charles Hanrahan, spécialiste de la politique agricole auprès du Congrès américain. C'était aussi le voeux des agriculteurs: en cas de chute des prix, bénéficier du filet de sécurité des "marketing loan".»
Une petite nouveauté émerge. «Le projet propose de baser les paiements directs non plus sur les fluctuations de prix, mais sur celles des revenus. Cette décision apporterait une protection bien meilleure aux maïsciculteurs du Midwest notamment», explique Charles Hanrahan.
Pour la deuxième fois dans l'histoire (déjà dans le Farm Bill actuel adopté en 2002), un chapitre du projet est consacré aux biocarburants, avec une enveloppe conséquente qui avoisinerait les 3 milliards de dollars. «Pour la production d'éthanol, l'accent est mis sur les productions cellulosiques plutôt que les céréales, indique Charles Hanrahan. J'imagine qu'il y aura des limites pour le maïs dont la totalité de la récolte ne peut pas être dévolue à l'étahnol (20% en 2007)».
«Le Sénat semble aussi privilégier des bonnes pratiques environnementales, inspirées de l'UE, fait remarquer Charles Hanrahan. Mais cette proposition pose un problème de budget. Aux Etats-Unis, nous appliquons le " Pay-go" , autrement dit, on ne peut dépenser que si l'on a le budget. Pour ce faire, il faut augmenter l'enveloppe ou réduire les dépenses d'un autre programme...» La commission des finances du Sénat a été sollicitée pour trouver les moyens de financer ces amendements coûteux.