« Le temps est venu de réfléchir, nous, agriculteurs de tous les territoires, aux moyens de se passer de la grande distribution française. Nous en avons collectivement la capacité », affirme le président de Jeunes Agriculteurs (JA), François Thabuis, dans une tribune du 11 avril 2013 publiée par Les Echos.
Révolte ou révolution ? Alors que les négociations commerciales ont laissé la filière agroalimentaire dans « une ambiance délétère » et avant que ne débute une éventuelle réforme de la LME, comme le souhaite le ministère de l'Agriculture, JA propose de « construire une nouvelle distribution alimentaire qui serve aux consommateurs et aux agriculteurs ».
En d'autres termes : faire table rase d'une « situation objective d'oligopole » de la part des distributeurs, que François Thabuis assimile à « un cartel qui impose son diktat depuis des années sous couvert de philanthropie alors qu'ils n'ont qu'un seul objectif : maintenir le niveau de consommation et leurs marges, en pressurisant leurs fournisseurs ».
Cela fait déjà quelques mois que les organisations professionnelles proches du syndicalisme majoritaire réfléchissent à un système de distribution alternatif de grande ampleur, piloté par le monde agricole. Cette tribune pourrait marquer un pas décisif dans ce sens. Elle vient en tout état de cause bousculer les positions d'une filière que l'on pouvait croire immobile. Il reste à savoir si les intentions seront suivies d'actes...
« Force est de constater qu'on est au bout d'un système, justifie le président de JA. La filière agroalimentaire française est une caricature où les ficelles sont toujours entre les mains des mêmes, des ficelles usées qui plus est. Il faut engager une véritable révolution dans la construction des prix au sein de la chaîne alimentaire. »
En attendant, les pourparlers actuellement en cours entre producteurs, industriels et distributeurs pour venir au secours des éleveurs, notamment laitiers, pourraient bien souffrir de cette prise de position. D'autant que JA promet de passer à l'action sur le terrain si les principales enseignes ne répondent pas à ses sollicitations « d'ici à la fin d'avril ».