Spanghero, l'entreprise de Castelnaudary (Aude) au cœur du scandale de la viande de cheval, a annoncé jeudi avoir instauré des tests ADN sur la matière première qu'elle achète, parmi une série de mesures destinées à reconquérir sa clientèle.
« Nous faisons, depuis l'histoire du cheval, des tests ADN par échantillon pour donner un maximum de garanties et pour savoir si on n'est pas trompé », a déclaré le PDG de Spanghero, Barthélémy Aguerre, lors d'un point de presse à Carcassonne après la première réunion d'un comité de suivi créé par les autorités pour accompagner l'entreprise dans ses difficultés. Les tests sont réalisés par des laboratoires extérieurs à l'entreprise, sur des échantillons prélevés sur les commandes reçues par cette dernière, a-t-il dit.
L'entreprise d'environ 300 salariés, extrêmement fragilisée par le scandale, a perdu 70 % de sa clientèle, a expliqué le président de Spanghero, une filiale de la coopérative basque Lur Berri. Il a souligné l'urgence de la situation : « On ne peut pas continuer à faire fonctionner l'entreprise avec 30 % de clients, on ne peut pas non plus avec 50 %, il faut que la reprise soit rapide. »
En février 2013, Spanghero a été ouvertement accusée d'avoir joué un rôle capital dans un scandale d'ampleur européenne et sciemment revendu pour du bœuf de la viande de cheval entrant dans la préparation de plats cuisinés. En mars était révélée une nouvelle affaire de fraude touchant à la consommation et à la santé publique : la découverte, au sein de Spanghero, de 57 tonnes de viande de mouton britannique prohibée.
Pour tenter de regagner la confiance de sa clientèle, l'entreprise a également décidé de mettre en place des certifications Viande bovine française (VBF) et Viande porcine française (VPF) sur les produits élaborés dans ses locaux « puisque 80 à 90 % de la matière première que nous utilisons ici sont des produits issus de nos coopératives, de la viande française », a dit M. Aguerre.
Un nouveau directeur général, Serge Renaudin, un homme « très connu dans le milieu de la viande », est aussi arrivé en remplacement de Jacques Poujol, remercié la semaine dernière.
« Les conditions de gestion de l'entreprise ont clairement changé, c'est vraiment une nouvelle étape », a commenté le préfet de l'Aude, Eric Freysselinard. Il a « bon espoir » que Spanghero redémarre. Le mois d'avril, avec une série de renégociations commerciales, « sera central pour que cette entreprise puisse repartir sur de bonnes bases », a-t-il dit. Seuls 80 salariés sont actuellement au travail, 15 sont en formation et 140 au chômage partiel. Habituellement, la société tourne aussi avec 60 intérimaires.