Le conseil spécialisé du lait de FranceAgriMer a présenté mercredi 1er juillet 2015 à Montreuil (Seine-Saint-Denis) une étude mettant en scène quatre scénarios pour la filière d'ici à 2030.
« Nous avons souhaité, il y a deux ans, conduire ce projet afin que la filière puisse se projeter, explique Dominique Chargé, ex-président du conseil spécialisé. L'idée, c'est de sortir de la dictature du court terme, et de nous déparasiter de nos références. » Car, après trente ans de production au cœur d'une économie administrée, la filière ressentirait le besoin de s'émanciper de ce cadre et de s'inventer le futur selon des fondamentaux plausibles et éloignés des intérêts individuels.
« Les scénarios ne sont que des référents pour se projeter, précise Françoise Brugière, chef de la mission qui planche sur la prospective. Le futur n'est pas écrit, et dépendra de la volonté des acteurs. » Les thèmes abordés se structurent autour de quatre thèmes : le contexte général, celui propre à la filière, les relations des acteurs, et le marché. Au terme des discussions, quatre scénarios ont vu le jour :
1) Lait high tech et démondialisation. La crise économique incite au développement autarcique et au ralentissement des échanges internationaux, qui se limitent à un marché mondial de la poudre de lait. Les exploitations sont importantes en taille, intenses en capitaux et en travail.
2) Spirale concurrentielle. Le modèle type « 1.000 vaches » se généralise dans un secteur laitier concentré dans les pays tempérés sous l'effet du changement climatique. Le pouvoir d'achat est en baisse et, avec lui, la consommation. Les discours antilait et anti-protéines animales se renforcent, mais cette dégradation est compensée par une progression de la demande dans les pays émergents.
3) Filière conquérante et régulée. La production de lait dépend de fermes spécialisées, laissant à la marge des exploitations familiales aidées pour la production de produits plus typés. Les industries laitières françaises préfèrent aller s'implanter directement dans les pays émergents pour profiter des nouveaux bassins de consommation. L'interprofession prend la main et régule la production.
4) Défi de la régression. La consommation de produits laitiers recule sous les pressions environnementale, sociétale et sanitaire. Les cours chutent, les OP préfèrent réduire la production tout en cherchant des gisements de valeur ajoutée. Les exploitations anticipent les aléas de ce marché en devenant multispécialisées.
S'ouvrir à d'autres scénarios
FranceAgriMer avait invité la veille plus de 70 représentants de la filière laitière. La Confédération paysanne a développé à l'issue de la réunion sa propre projection, dans un communiqué de presse. « La Confédération paysanne s'étonne du faible rôle des pouvoirs publics dans les quatre scénarios présentés, dit-elle. Nous prenons note également du scénario de généralisation de l'usine des 1.000 vaches qui s'avère catastrophique. »
Le syndicat imagine un scénario dans lequel les autorités politiques « prennent à bras-le-corps les nouveaux enjeux » (climat, alimentation de qualité, partage des richesses...), « stoppe la diminution du nombre de paysans », et reconnaît le « potentiel de stockage de carbone des sols agricoles. » La Confédération visualise une industrie laitière française exportant « l'image d'excellence », et des organisations de producteurs structurées par bassin afin de mutualiser les coûts de collecte et négocier collectivement le prix du lait.
« Je trouve l'initiative de la Confédération paysanne très bonne, lance Dominique Chargé. L'objectif de nos quatre scénarios n'est pas de mettre tout le monde d'accord, mais d'interagir, et de s'ouvrir aux autres "possibles". »
A télécharger : Note de conjoncture « Lait de vache » (FranceAgriMer, 30 juin 2015)
Besoin de s'ouvrir
jeudi 06 août 2015 - 09h39
Nos 'dirigeants ' font des extrapolations en prenant l'ancien modéle de développement et j'espère qu'ils sont trompes. Car en terme cela risque d'être catastrophique. Quand on fait des prospectives, on peut avoir des scénarii + ou - volontaristes indépendamment de son idéologie. Actuellement, on sent des difficultés dans le modéle conventionnel. D'autres éleveurs laitiers ne sont pas en difficulté ( notamment les bios ou d'autres en paturage ) quelque soit la taille des élevages. Les journaux agricoles mettent en avant le toujours + gros. Sur notre ferme, en couple, nous vivons bien avec 25 VL sans transformation. Nous voyons l'avenir trés sereinement car les charges sont bien maitrisées