Plusieurs milliers d'éleveurs ont manifesté jeudi dans toute la France, principalement dans l'Ouest, avec force tracteurs transportant paille et pneus, tags, opérations escargot, pour dire leur « ras-le-bol » face à l'absence de remontée des prix de leur production.
Pour cette nuit, baptisée « nuit de l'élevage en détresse », à l'appel de la FNSEA et des JA (Jeunes Agriculteurs), ils ont convergé vers les préfectures par convois de plusieurs dizaines de tracteurs avec remorques chargées de paille, fumier, pneus, etc. Mais cette soirée n'a pas été de toute quiétude pour le président de la FNSEA, Xavier Beulin, chahuté par les éleveurs à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).
Opérations escargot, entraînant des ralentissements, tags de magasins de grande distribution - « on ne rigole plus », « voleur », « mangeons français ». Les éleveurs de porcs et de bovins, mais aussi les producteurs de lait, entendaient protester contre la-non application, selon eux, de l'accord conclu sous l'égide du ministère de l'Agriculture, le 17 juin, censé faire remonter les prix.
« Trahison »
Ils estiment que les trop faibles prix de la viande, de porc comme de bœuf ne leur permettent pas de couvrir leurs coûts de production. Le revenu des producteurs de viande bovine a ainsi chuté à environ 12.000 euros par an, selon la FNSEA (15.900 € selon les chiffres diffusés le 3 juillet par l'APCA). « Comment ne pas se sentir trahis alors que tous les opérateurs et les distributeurs, en présence du ministre, ont juré, la main sur le cœur, que les producteurs seraient mieux payés demain », a commenté jeudi auprès de l'AFP Jean-Paul Goutines, président de la FDSEA des Pays de la Loire.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a demandé mercredi au médiateur des relations commerciales agricoles de contrôler ces accords, pour voir si les différentes parties ont tenu leurs engagements d'augmenter les prix payés aux éleveurs, notamment les industriels et la distribution.
Septembre, « mois de protestation ? »
A Saint-Brieuc où les agriculteurs étaient plusieurs centaines – un millier, selon les organisateurs –, Xavier Beulin a été chahuté par des éleveurs excédés et désespérés. « Êtes-vous prêts à vous battre pour mettre sous surveillance pendant l'été les opérateurs, obtenir cinq centimes de plus pour la viande bovine, une revalorisation des prix du porc et du lait », a-t-il demandé aux manifestants. « Dès ce soir, on est en capacité de rappeler à l'ordre les opérateurs », a-t-il poursuivi en proposant de faire du mois de septembre, si le bilan n'est pas positif, « un mois de protestation comme on n'en a pas connu depuis longtemps en France ». « Si on attend le mois de septembre, on ne sera pas la moitié », s'est écrié un éleveur. Et de signifier à Xavier Beulin, exploitant céréalier, qu'il n'était pas du même monde qu'eux. « Aujourd'hui, c'est le soir des éleveurs, pas des céréaliers », lui a-t-il dit. Plus tard, dans la nuit, deux cents manifestants se sont rassemblés sur une quatre voies près de Saint-Brieuc pour arrêter les camions et vérifier leur cargaison. Ils ont ainsi vidé un camion frigorifique contenant de la charcuterie espagnole, a constaté une journaliste de l'AFP.
A Rennes, ils étaient dans la soirée plusieurs centaines, avec quelque 250 tracteurs, selon Cédric Henruy, secrétaire adjoint de la FDSEA de l'Ille-et-Vilaine, « signe », à ses yeux, « d'un vrai malaise dans les campagnes, d'un ras-le-bol financier, environnemental et administratif ». Les tracteurs et autres engins agricoles, stationnés aux abords de la préfecture de Rennes, arboraient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Sauver l'élevage », « Partager vos marges », « Ras le bol ». Des bombes agricoles ont retenti.
« Ça se joue parfois à des centimes »
Le contenu de quelques bennes a été déversé devant l'entrée de la préfecture, et des tas de paille enflammés sous les applaudissements des manifestants qui devaient ensuite se repartir en six groupes et continuer leurs actions avec pour cibles hypermarchés et un abattoir notamment.
A Saint-Lô, dans la Manche, ils étaient environ 500 agriculteurs avec 80 tracteurs devant la préfecture où ils ont déversé du fumier.
Dans la Loire-Atlantique, à Saint-Etienne-de-Montluc, la cible a été la SCA Ouest, plus grande centrale d'achat de l'enseigne Leclerc du Grand Ouest. Là, avec une vingtaine de tracteurs, 200 à 300 agriculteurs ont déversé du fumier et du lisier. « Leclerc est l'un des plus gros bandits » de la grande distribution, a fait valoir Alain Bernier, président de la FDSEA 44. « Il faut, a-t-il ajouté, que les gens comprennent que se nourrir a un prix. Ça se joue parfois à des centimes. »
Dans les autres régions, les actions ont été modestes. Dans le Lot, à Cahors, environ 200 agriculteurs ont déversé du foin et de la terre devant les enseignes Carrefour et Leclerc, en prévenant qu'ils se réservaient la possibilité d'actions « dans les hypers pendant l'été ».
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Le Bonheur est dans le Pré
vendredi 03 juillet 2015 - 22h38
Je suis d'accord avec les manifestants concernant la grande distribution qui fait des marges sur notre dos. Cependant, ces actions ne serons pas toujours bien reçus par les consommateurs. En 2009, le lait était descendu vers 240€/1000l et ça bougeait pas beaucoup !! Ce printemps avec 300€/1000l, le lait me parait normalement payé pour la saison, nos couts de production sont + faibles. Mais , certains trouvent le lait pas suffisamment payé, pourquoi ? Simplement parce que vos charges sont trop importantes ( tracteur, matériel, aliments ). Notre petite ferme laitière , autonome, nous permet de BIEN vivre