Bernard Roman-Amat vient de remettre à Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, et Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, un rapport intitulé «Préparer les forêts françaises au changement climatique». Les forêts métropolitaines pourraient en effet être affectées sous de nombreux aspects par le réchauffement climatique, les climatologues tablant sur un réchauffement de 1,5°C d'ici à 2050.
Le rapport identifie cinq chantiers prioritaires et ses conclusions ont d’ores et déjà pu être prises en considération dans les propositions des Assises de la forêt et dans le cadre du plan d’action en faveur de la forêt, conformément aux orientations du Grenelle de l'environnement.
Ainsi, en matière de biodiversité, le rapport préconise de préparer l’adaptation de la partie française du réseau Natura 2000 au changement climatique. Il propose de mettre en place d’ici à la mi-2010 un complément au programme des réserves biologiques intégrales de l’ONF (Office national des forêts) pour un meilleur suivi des conséquences du changement climatique hors gestion. Enfin, il souligne l’importance de disposer avant la fin de 2010 d’un groupe de situations pour tester en vraie grandeur la future «trame verte forestière».
Dans le domaine des risques, le rapport insiste sur le besoin de renforcer les moyens de surveillance coordonnés par le département de la santé des forêts et d’intensifier la gestion des forêts de montagne protégeant des enjeux rapprochés et programmer le renouvellement des peuplements des séries RTM (restauration des terrains en montagne). Il recommande d’accélérer et d’étendre géographiquement le déploiement de la politique de prévention des incendies.
Dans les forêts dites «de production», l’auteur propose de susciter le développement d'une sylviculture dynamique et des peuplements mélangés, et notamment d’inciter financièrement dès 2010 au remplacement des peuplements vulnérables. Il souligne le besoin de consacrer au moins 10% des moyens publics à l’installation de boisements pilotes à partir de 2010.
Dans le domaine de la recherche, de l'expérimentation et du développement, le rapport souligne l’importance de renforcer dès 2008 le soutien par l’ANR (Agence nationale pour la recherche) des recherches sur le changement climatique et la forêt. Il propose de charger le GIP Ecofor (groupement d’intérêt public sur la recherche sur les écosystèmes forestiers) d’une coordination nationale sur ce sujet. Il propose de créer en 2008 deux réseaux mixtes technologiques sur l'adaptation des forêts à leur environnement (stations forestières) et sur la diversité génétique des arbres et de confier à l’ONF le soin d’initier une «recherche action» en forêt publique. Il insiste sur la nécessité de constituer des bases régionales de données sur l’expérimentation et de mettre en place une formation continue nationale.
Le rapport s’attache enfin à des propositions en matière de gouvernance publique, en insistant sur la nécessaire coordination des deux ministères sur le sujet.