Faute de beau temps, les foins sont très en retard cette année et d'une qualité médiocre.
«Nous nous sommes fait surprendre par un mois d’avril et une pousse d’herbe précoce et exceptionnelle», analyse Michel Veschambre. A la tête de 45 vaches laitières et 15 vaches allaitantes sur 114 ha d’herbe, éleveur à Cheylade, dans le Cantal, il enrubanne 10 à 15 ha à la fin de mai durant une année «normale». Il récolte aussi 25 ha de foin entre la fin de juin et le 20 juillet.
«Cette année, je n’ai pu réaliser que deux coupes d’enrubannage: 4 ha le 10 juin et 4 ha le 28 juin. Et sur des sols trop mouillés.» Autrement dit, dans de mauvaises conditions de fauche et de récolte. La quantité d’herbe est globalement supérieure de 35% à la moyenne mais la qualité n’est plus au rendez-vous car le stade de maturité est trop avancé.
Ailleurs dans le département, de nombreux éleveurs ne réalisant pas d’enrubannage habituellement ont été contraints d’en faire, faute de trois jours de soleil d’affilée. Dans l’Allier, un quart du foin habituellement récolté au début de juillet est engrangé, tandis qu’en Haute-Loire, les fenaisons n’ont pratiquement pas commencé. Les ensilages sont terminés mais ils sont de mauvaise qualité.
Plus au nord, la situation n’est guère plus réjouissante. Il reste encore beaucoup de foin à récolter. «Et il pleut tous les jours, se désespère Florent Hubo de la chambre d’agriculture de Seine-Maritime. Quelques-uns se sont bien risqués à faucher quelques parcelles depuis dix jours mais le fourrage est toujours sur place. Il sera tout juste bon à remplacer de la paille ou à faire de la litière. La quantité était pourtant au rendez-vous cette année. C’est la qualité qui fait défaut. Il faudra plus de concentrés pour équilibrer les rations établies à partir de ces fourrages médiocres.»
Les systèmes fourragers fondés sur de l’enrubannage, comme celui de Philippe et Romain Levasseur, ont certainement moins souffert que ceux qui s’appuient sur du foin. «Nous avons récolté nos 16 ha cette année en trois fois au lieu de deux, précise Philippe. Nous avons terminé vers le 10 juin, mais les repousses du premier tiers réalisé aux alentours du 20 mai sont prêtes pour la pâture.»
Tout le monde est dans les starting-blocks. Prêts à bondir dès la moindre fenêtre de beau temps. «L’organisation des chantiers risque cependant d’être assez compliquée, note Florent Hubo, car les colzas et les orges sont mûrs.»
Ce scénario se reproduit sur l’ensemble du Massif central, où comble de l’ironie, les éleveurs risquent à terme de manquer de surfaces à pâturer en les ayant gardées pour la fauche afin de reconstituer des stocks après quatre étés consécutifs difficiles.