Succès populaire pour la vente au déballage de fruits et légumes organisée, jeudi matin à la place de la Bastille, à l'initiative du Modef. Le syndicat appelle le gouvernement à prendre des mesures pour mettre un terme à la crise des fruits et légumes.
« Nous, paysans, sommes pillés. Vous, consommateurs, êtes rackettés. » Tel est le message que le Modef, soutenu par les élus communistes et républicains, a voulu faire passer à la population parisienne en organisant des ventes au déballage de fruits et légumes. Quelque 40tonnes (deux semi-remorques) de produits de saison, fraîchement récoltés dans le Lot-et-Garonne, devaient être écoulées dans la matinée, dont 13 tonnes à la Bastille et le reste dans des villes de proche banlieue.
Cette action de « séduction-contestation » visait à alerter l'opinion sur les « marges abusives » et la politique d'importation de la grande distribution, accusée de jouer contre la production nationale.
Selon le Modef, « la colère et la détresse des producteurs de fruits et légumes n'ont jamais été aussi grandes. [...] Il est urgent de passer aux actes pour sauver toute une filière agricole qui est en voie de disparition ».
Le secrétaire général du syndicat, Raymond Girardi, réclame trois mesures au gouvernement : un encadrement des marges des distributeurs, la mise en place de calendriers d'importation, la création d'une « taxe sociale » (droit de douane) sur les produits importés.
Tomates, pommes, poires... étaient proposées à 1,50 €/kg. Un prix suffisant pour couvrir les frais de transport (0,50 €/kg) et de conditionnement (0,15 €/kg) et dégager un prix de vente de 0,75 €/kg pour le producteur, au lieu des 0,45 €/kg actuellement pratiqués par les centrales d'achat, explique Raymond Girardi.
Pour s'en sortir, Michel Morisset, producteur de tomates de plein champ à Grateloup (Lot-et-Garonne), présent jeudi à Paris, ne vend plus qu'en circuits courts (demi-gros). Il en tire entre 0,60 et 0,70 €/kg, au lieu de 0,90 à 0,95 €/kg en 2010, mais c'est quand même près du double de ce qu'il percevrait, cette année, dans un réseau de commercialisation classique. Sur le MIN de Toulouse, on trouverait même de la tomate entre 0,25 et 0,30 €/kg.
Dans sa région, explique-t-il encore, il y a « une installation pour quatre départs » et quasi aucune en fruits et légumes. « Les producteurs individuels disparaissent les uns après les autres. Seules restent les grosses structures hors sol chapeautées par les coopératives. Désormais, nous n'avons plus de problème de main-d'œuvre saisonnière, mais un problème de production ».
Selon le Modef, la France ne produit que la moitié de ses besoins en fruits et légumes.