Peu avant la réunion des ministres de l'Agriculture du G20 qui s'ouvre mercredi soir, à Paris, Bruno Le Maire en a rappelé les objectifs, sur Europe 1.
« Ce que je souhaite, c'est que toutes les personnalités se rassemblent pour prendre des décisions sur l'agriculture mondiale. Cela fait un an qu'on négocie sur un plan d'action qui doit permettre de lutte contre cette volatilité excessive des prix agricoles », a expliqué le ministre de l'Agriculture.
« C'est tout ou rien. Ce sera soit une fumée blanche avec un accord sur ce plan d'action, [...] soit une fumée noire sans accord ». Bruno Le Maire a jouté qu'il préfère assumer « un échec » qu'un « demi-accord ».
Le président français Nicolas Sarkozy donnera le coup d'envoi des ultimes négociations, en recevant mercredi soir les vingt ministres de l'Agriculture avant un dîner de travail. Il devrait à cette occasion plaider une nouvelle fois en faveur d'une régulation plus étroite des marchés de matières premières.
La semaine dernière à Bruxelles, Nicolas Sarkozy s'en était pris à la « financiarisation » des marchés qui permet aux spéculateurs d'échanger jusqu'à « 46 fois la production annuelle mondiale de blé » ou « 24 fois celle du maïs ». « Si un pays ne combat par les mafias, doit-t-on renoncer à combattre les mafias ? », avait même lancé le président français.
Pour Paris, la situation est d'autant plus urgente que la question de la sécurité alimentaire après les émeutes de la faim de 2007 et 2008 est loin d'être réglée. Quelque 900 millions d'individus souffrent aujourd'hui de malnutrition.
Dans la dernière ligne droite des négociations, le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, reconnaît qu'un accord « sera difficile à arracher ». Mais il affirme qu'il ne cédera pas pour autant sur des « orientations cardinales » de la présidence française comme la régulation des marchés pour emporter un accord.
Et pour y parvenir, la France a pris soin d'écarter les sujets les plus polémiques, au grand dam de certaines organisations non gouvernementales. C'est le cas notamment des biocarburants souvent accusés d'être « l'un des principaux facteurs de la hausse des prix » des produits agricoles. Sur ce point, « le sujet n'est pas mûr », a fait valoir M. Le Maire, qui n'a pas voulu « multiplier les sujets d'affrontement ».
La France propose cependant un plan d'actions, fondé sur cinq « piliers » : réinvestir dans l'agriculture mondiale pour « produire plus et mieux », accroître la transparence des marchés, améliorer la coordination internationale pour prévenir et gérer les crises et réguler les marchés de dérivés de matières premières agricoles.
Au fil des négociations, M. Le Maire dit avoir mesuré combien les positions des pays du G20 sur le futur de l'agriculture sont « divergentes », voire « antagonistes ».
Si les principales puissances mondiales sont d'accord pour affirmer que ce secteur est redevenu « stratégique », il en est tout autrement lorsque sont abordés des points comme la régulation ou la transparence des marchés agricoles.
Il a fallu ainsi rassurer le Brésil et l'Argentine, opposés à un contrôle des prix, la Chine et l'Inde, peu désireux de communiquer l'état de leurs stocks de produits agricoles ou encore les Etats-Unis qui ne souhaitent pas la constitution de stocks de réserve, susceptibles de perturber le marché.
Une mesure concrète sera toutefois proposée, la création d'une base de données (AMIS, Agricultural Market Information System) pour disposer d'une photographie de la situation mondiale des matières premières agricoles (blé, maïs, riz et soja).
Cet outil sera placé sous l'autorité de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation) et outre les Etats, les géants privés du secteur du négoce (Cargill, Dreyfus...) devraient y participer.