Le groupe pétrolier Total a indiqué lundi qu'il souhaitait continuer à rechercher du gaz de schiste dans le sud-est de la France, dans le cadre d'un permis exclusif obtenu en 2010, mais sans avoir recours à la technique de la fracturation hydraulique, désormais interdite.
Total a déposé auprès de l'administration française, un rapport « motivé par la volonté du groupe de préserver les droits à l'exploration d'un domaine minier, droits qui lui ont été attribués en mars 2010 pour une durée de cinq ans ».
Il y présente un « programme de travail », qui « ne prévoit pas de recours à la technique de la fracturation hydraulique », assure le groupe dans un communiqué.
A ce stade, Total ne précise pas quel type de technique il pourrait utiliser si jamais les recherches de cet hydrocarbure non conventionnel étaient concluantes.
Dans le cadre de la loi adoptée en juillet sur l'exploration et l'exploitation des gaz et huile de schiste, les titulaires de permis avaient jusqu'au 13 septembre pour déclarer la technique utilisée et s'ils renonçaient ou pas à leurs droits d'exploration. Dans le cas d'utilisation de la fracturation hydraulique, les permis seront abrogés.
Le ministère de l'Energie a indiqué que « le gouvernement se prononcera sur le devenir des permis exclusifs de recherche d'ici au 13 octobre, après instruction par l'Administration ». Les rapports remis par les industriels devraient alors être rendus publics.
« On pense que l'interdiction de la fracturation hydraulique seule ne justifie pas qu'on renonce au permis, parce qu'il y a d'autres hydrocarbures qui peuvent être trouvés et produits sans la fracturation hydraulique », a expliqué Bruno Courme, directeur de Total Gas Shale Europe.
Le permis accordé à Total dit « de Montélimar » couvre une zone de 4.327 km² le long du Rhône, du nord de Montélimar jusqu'à Montpellier.
Dans un premier temps, Total compte terminer « la phase d'études préliminaires lancée en 2010 », visant à analyser les données déjà existantes sur le sous-sol de cette zone.
« Cette première phase doit être finie en mars 2012. Après, on a le choix de continuer ou pas », a indiqué M. Courme.
Si les résultats sont jugés « encourageants », le pétrolier prévoit « une phase de forage destinée à recueillir des échantillons de roches » pour mieux déterminer le potentiel en hydrocarbures de la zone. « Aucun test de production ne sera réalisé à ce stade », explique Total.
Enfin, « si la présence d'une accumulation significative d'hydrocarbures est confirmée, il sera alors envisagé, dans une troisième et dernière phase d'exploration, d'évaluer la capacité de production de ces réservoirs », poursuit le groupe.
Sans plus de détails, il indique que les techniques utilisées dépendront des caractéristiques des réservoirs d'hydrocarbures et celles qui seront « disponibles et autorisées par la loi » à ce moment-là.
Les sénateurs de gauche ont fait part de leur indignation à cette annonce de Total.
Ceux du groupe CRC-SPG (communistes et Parti de gauche) se sont dits « scandalisés tant devant l'opacité qui continue d'entourer ces questions permettant au final l'acharnement des entreprises à explorer le gaz de schiste, que du silence coupable et complice » du gouvernement. Ils appellent « les populations et leurs élus à protester vigoureusement contre cette décision » et en appellent « solennellement au gouvernement pour qu'enfin celui-ci prenne ses responsabilités ».
Pour les sénateurs du groupe socialiste, la loi de juillet, avec ses « failles juridiques », « n'a fait que retarder de deux mois, comme [ils] l'avaient prédit, l'exploration dans les zones concernées ». Selon eux, « Total a donné le signal, les autres sociétés bénéficiant de permis suivront ».
Ils « exigent du gouvernement que la révision de l'ordonnance réformant le code minier, initialement prévue avant l'été de 2011, soit inscrite dans les délais les plus courts à l'ordre du jour de la prochaine session du Parlement ».
Ils rappellent qu'ils ont déposé le 27 juillet 2011 une proposition de loi visant à interdire l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures de roche-mère.
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