En Haïti, « priorité aux semis de printemps » alors que Port au Prince ne peut que subir un exode massif – des milliers de personnes fuient la capitale – et que les prix des denrées alimentaires sont en hausse, a indiqué jeudi la FAO, l'Organisation des nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture.
Son directeur général, Jacques Diouf, a estimé que les efforts locaux et de la communauté internationale doivent déjà s'engager sur le relèvement de l'agriculture et à la reconstruction, simultanément à l'appui urgent à la production agricole qui est en cours.
Les programmes du gouvernement et de la FAO en Haïti avaient permis, en 2009, de stimuler la production agricole nationale de 15% et de réduire le nombre d'Haïtiens souffrant de malnutrition, souligne l'Organisation.
Actuellement, les programmes de la FAO visant à accroître la production alimentaire en Haïti totalisent en valeur 49 millions de dollars grâce à l'apport de plusieurs bailleurs de fonds dont l'Union européenne, le Fonds international de développement agricole, la Banque mondiale, la France, le Canada, l'Espagne, l'Autriche, le Brésil et la Belgique.
Ces programmes comprennent notamment la multiplication et la distribution de semences de qualité adaptées et de plants au profit des agriculteurs pauvres. Ces derniers peuvent également compter sur la distribution d'engrais et d'outils agricoles, relève la FAO.
Samedi 16 janvier, elle avait appelé les bailleurs de fonds à mobiliser 23 millions de dollars à l'attention de l'agriculture haïtienne sinistrée.
« Il convient d'apporter une aide immédiate aux agriculteurs haïtiens avant la saison des semis de printemps qui commence en mars », a souligné le directeur de la FAO, Jacques Diouf. «La priorité est d'approvisionner les agriculteurs en semences, engrais, aliments du bétail et vaccins pour animaux ainsi qu'en outils agricoles», a-t-il précisé.
La consommation de céréales en Haïti est estimée à environ 1 million de tonnes, dont quelque 63% sont importées. Il est donc « d'une importance vitale de renforcer les programmes de production locale de semences de qualité et préparer les engrais adaptés en fonction des différentes cultures et zones de production d'Haïti », souligne l'organisation.
Les haïtiens qui fuient par milliers la zone urbaine autour de la capitale dévastée «doivent pouvoir disposer des moyens nécessaires pour assurer leur subsistance et trouver des emplois générateurs de revenus», a dit Jacques Diouf. «Pour empêcher la catastrophe urbaine d'entraîner une tragédie rurale, il est crucial de sauver la prochaine saison agricole», a martelé le directeur général de la FAO.
Les semis de printemps, qui durent jusqu'en mai, représentent 60 % de la production agricole d'Haïti. Les infrastructures agricoles vitales, notamment les installations de stockage et les canaux d'irrigation ayant été endommagées, les agriculteurs auront besoin de toute l'aide qu'ils pourront obtenir pour la prochaine saison.
La FNSEA avec l'Afdi (Agriculteur français et développement international) de Dordogne et les JA ont de leur côté indiqué jeudi qu'ils organisaient leur soutien « post-urgence » à Haïti.
« Si une aide d’urgence est aujourd’hui mobilisée pour subvenir aux besoins des milliers de blessés et d’une population privée de nourriture et d’infrastructures, souligne la FNSEA, il est important de mettre en place rapidement les conditions de la reconstruction ».
La FNSEA et l'Afdi Dordogne, laquelle est engagée depuis 1998 au Nord d'Haïti sur des opérations de soutien à des organisations paysannes par l’appui aux filières fruits et légumes, appellent la profession agricole à se mobiliser en faveur des paysans haïtiens.
« Bien que les trois-quarts des Haïtiens exercent une activité liée au secteur agricole, souligne leur communiqué commun, Haïti dépend déjà depuis longtemps de l’importation de produits alimentaires. Un soutien aux agriculteurs locaux est donc indispensable pour assurer la sécurité alimentaire des populations. »
L'Afdi et la FNSEA invitent à soutenir financièrement l’aide post-urgence en faveur de la reconstruction de l’agriculture haïtienne.
Le syndicat JA, « à l’initiative de Jeunes Agriculteurs Guadeloupe », sollicite l’ensemble de son réseau pour venir en aide aux populations haïtiennes.
Les jeunes agriculteurs guadeloupéens ont lancé cette opération de solidarité car nombreux sont ceux qui travaillent avec des haïtiens au quotidien, précise le syndicat. En effet, les haïtiens représentent la majeure partie des salariés et ouvriers agricoles en Guadeloupe, que ce soit dans le maraîchage, l’élevage ou la production sucrière.
JA Guadeloupe a décidé de se focaliser sur l’apport en eau potable, à raison de 4 packs de 6 bouteilles d’eau minérale par adhérent, explique leur communiqué. JA national organise la collecte pour acheter de l’eau potable auprès d’un fournisseur en Guadeloupe, et JA Guadeloupe récupère ensuite la commande en eau pour la transmettre à la Croix Rouge qui vient directement en aide aux populations, détaille le syndicat.