Des éleveurs ont manifesté symboliquement devant des grandes surfaces de l'Ouest pour alerter les consommateurs sur l'augmentation de leurs coûts de production et dénoncer les marges de la grande distribution.
«On en a ras le bol d'entendre tout le temps: "Le panier de la ménagère augmente: c'est à cause des agriculteurs!"», a affirmé Christine Jouan, vice-présidente de la FDSEA de l'Ille-et-Vilaine, en participant à un rassemblement d'une cinquantaine d'éleveurs devant un hypermarché de Vitré.
«Quand les matières premières baissaient pendant 15 ans, les prix n'ont jamais baissé dans les magasins. Les agriculteurs en ont marre qu'on veuille tout leur mettre sur le dos. [...] Notre but n'est pas que le consommateur paie plus. Nous, on se fait voler et eux aussi», a-t-elle ajouté.
Nathalie Marchand, productrice de porcs à Noyal-sur-Vilaine, a ainsi expliqué «perdre 35 euros par porc aujourd'hui à cause de l'augmentation des céréales». «On ne va pas pouvoir tenir très longtemps».
A l'appel des syndicats majoritaires, les agriculteurs ont distribué des tracts, expliquant qu'ils n'étaient pas responsables des hausses de prix auxquelles sont confrontés les consommateurs.
Dans ces tracts, les producteurs insistent sur le fait que, depuis des années, les distributeurs «n'ont jamais répercuté les baisses aux consommateurs». «Le prix de la viande bovine payée au producteur a baissé de 15% en 2006. Le prix du blé payé au producteur baissait depuis 1992 (moins 34% entre 92 et 2006). Le prix de la viande et de la baguette ont-ils baissé pour autant?», s'interrogent-ils.
Un producteur de lapins, Pascal Mancel, a expliqué pour sa part que sa production est doublement touchée, à la fois par la hausse des céréales et la baisse des cours: «18 centimes/kg de hausse du coût de l'aliment et 6 centimes/kg de baisse à la vente. On perd de l'argent, on ne peut pas continuer comme ça».
Les agriculteurs sont d'abord intervenus dans un Intermarché pour réagir à une publicité publiée jeudi par l'enseigne sur une pleine page des quotidiens régionaux et revendiquant le fait de défendre les consommateurs contre la «flambée du prix des matières premières».
Les manifestants ont déchiré des affiches publicitaires similaires dans le magasin. Venu pour discuter avec eux, le gérant a été vigoureusement pris à partie verbalement.
«Ce que vous écrivez, c'est mentir aux consommateurs !», a dit un agriculteur, soulignant que la profession avait le sentiment d'être «stigmatisée». «Vous essayez de dresser la population contre une catégorie sociale», a ajouté un autre.
Des manifestants se sont ensuite dirigés vers un centre Leclerc et promis de répéter l'initiative. «Aujourd'hui, on était calmes. Mais on reviendra!», ont-il averti, menaçant de bloquer le magasin et d'éplucher sa comptabilité comme ils l'ont déjà fait dans le passé.
Des manifestations similaires étaient prévues vendredi dans l'Ouest.