Les horticulteurs varois voient leur coût de production s’envoler à cause du chauffage de leurs serres. «Nous ne savons pas si nous allons pouvoir chauffer nos serres l’hiver prochain», lance Michel Marsal, horticulteur à La Crau dans le Var. Depuis le début de l’année, lui et ses collègues tirent la sonnette d’alarme. «Ma facture d'énergie a augmenté de 5.000 euros par rapport à l’an dernier. Nous sommes pourtant équipés d’écrans thermiques, d’ordinateurs de gestion des températures… Nous sommes arrivés au bout de ce qu’il était possible de faire», estime-t-il. Spécialisé dans la culture de roses en hors-sol, il exploite 7.000 m2 de serres, chauffées au gaz naturel sept ou huit mois dans l’année.
Selon le syndicat horticole du Var, le département axé sur les fleurs coupées possède le premier parc de serres chauffées français avec quelques 300 hectares. «Nous utilisons quatre sources d’énergie: le propane, le gaz naturel, le fioul domestique et le fioul», expose Michel Fourmillier, président.
Le poste "chauffage" a triplé en moins de dix ans pour atteindre de 25 à 30% du chiffre d’affaires d’une exploitation. Au-dessus de 650 € la tonne de gaz de propane, on ne peut plus amortir une production de culture chauffée. «Ce seuil est atteint par bon nombre d’exploitations. Certaines ont déjà cessé l’activité, d’autres ont changé de culture», explique le responsable.
Résultat, depuis trois ans, les surfaces de roses, le produit d’appel du Var, sont en perte de vitesse. «Les quantités mises sur le marché ont diminué de 15%», déplore Michel Fourmillier. Si le mouvement s’amplifie, les autres pans de la production horticole locale risquent d’en pâtir. «Les acheteurs s’approvisionnent au sein de notre bassin car ils trouvent toute la gamme de fleurs. Si demain, nous ne proposons plus de fleurs coupées, ils iront voir ailleurs», ajoute-t-il.
Le 30 mai dernier, les horticulteurs ont donc rallié l’opération escargot lancée à l’appel de la CDJA dans les rues de Toulon. Ils doivent être reçus à Paris par le ministre de l’Agriculture. Parmi leurs revendications: le déblocage d’aides d’urgence pour les entreprises en difficulté, des allègements de charges et une politique de soutien pour mettre en place des énergies alternatives.
886 entreprises Le Var est le premier département horticole français. Avec 886 entreprises et 1.358 hectares dont 385 couverts, il représente 22% des exploitations françaises, 42% du parc de serres français. La rose est le produit leader mais le Var produit également du gerbera, de l’alstrœméria, de l’œillet multiflore, du chrysanthème, de la pivoine, de l’anémone… |