L'interprofession porcine (Inaporc) a fait part de sa volonté de sensibiliser l'opinion publique à la nécessité de répercuter la hausse des coûts de production du porc sur le consommateur, mercredi lors d'une conférence de presse à Paris. Faute de quoi la production nationale pourrait reculer. Ces déclarations interviennent au moment où les pouvoirs publics affichent leur volonté de limiter l'inflation des prix à la consommation.
Guillaume Roué, président d'Inaporc, a listé plusieurs événements qui, depuis un an, pèsent sur le marché des céréales: une offre en recul à cause d'événements climatiques défavorables, le développement de l'utilisation non alimentaire de certaines céréales, la demande des pays émergents qui progresse...
«Avec un porc payé 1,24 €/kg en moyenne sur l’année, le coût de production pourrait atteindre 1,570 €/kg (1) en 2007 contre 1,238 €/kg en 2006, estime-t-il. Nous avons besoin de répercuter cette hausse sur le consommateur de façon à ne pas perdre une partie de la production française!»
L’écart entre le coût de production et le prix payé au producteur, «c’est du jamais vu», a insisté Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine (FNP). Le déficit atteindrait 20 euros par animal vendu cette année.
«Cette crise est atypique, relève Jean-Michel Fritsch, le président de Coop de France bétail et viande. Et j’ai peur que nos partenaires habituels [les banques et les fabricants d'aliment, NDLR] abandonnent les éleveurs très vite».
Ces revendications interviennent alors qu’au plus haut niveau de l’Etat, on ne veut pas entendre parler d’inflation ou de baisse du pouvoir d'achat. «Le discours actuel contre l’inflation est malsain, prévient Jean-Michel Serres. Nous ne pouvons pas en faire les frais. Nous demanderons aux éleveurs de se manifester au Space lors de la venue du président de la république.»
L'interprofession estime que la situation conjoncturelle difficile actuelle va redéfinir la répartition géographique de la production porcine mondiale. Elle demande le développement des systèmes d’assurance et de couverture des risques pour son secteur, ainsi que l'ouverture d'un débat sur l’utilisation des graisses animales dans les aliments pour les espèces porcine et avicole.
(1) estimation de l’Insitut du porc (Ifip)