Concertation et travail en bonne intelligence, ce sont les termes qui qualifiaient jusqu’à présent les relations entre les irrigants de la Vienne et l’Administration. Une étude réalisée par le Bureau de recherches géologiques et minières pour la Diren (Direction régionale de l’environnement) est venue mettre à mal l’entente cordiale.
Les conclusions de l'étude stipulent en effet que, pour répondre au débit d’objectif d’étiage (DOA) prévu par la loi sur l’eau pour 2015, les prélèvements agricoles doivent encore diminuer, et parfois même être arrêtés. L’Administration elle-même ne semble pas très à l’aise avec ces résultats. Comment faire accepter de nouvelles réductions des prélèvements?
Les critiques ont été immédiates: le modèle mathématique utilisé est certes valable, mais les irrigants sont beaucoup plus circonspects sur les données qui y ont été entrées et leur reprochent des imprécisions.
«Les conclusions sont inacceptables», assène Laurent Lambert, le président de l’Adiv (Association des irrigants de la Vienne) qui réunit plus de 700 irrigants. Il a dit son incompréhension lors de son assemblée générale. «Si nous devions appliquer les règles préconisées par l’étude, il faudrait supprimer l’irrigation. Nous serions alors tentés de faire de la désobéissance civique.» Les représentants de la DDAF présents n’ont pas apprécié et ont quitté la salle.
Laurent Lambert rappelle que les règles en vigueur ont jusque-là été l’objet de concertation et de partenariat. «Ça fait dix ans qu’on joue le jeu. Nous avons toujours respecté les règles établies, les seuils d’alerte et les seuils de coupure.» Et il précise encore que, depuis 2005, les surfaces en maïs ont diminué de 25% dans le département.
L’incompréhension est donc d’autant plus grande quant aux nouvelles restrictions exigées. «Cette année, les volumes attribués vont encore diminuer de 15%. Nous ne les appliquerons pas.»
L’eau en réserve Laurent Lambert indique que les prélèvements pour l’irrigation et l’eau potable représentent environ 100 millions de m3. Le chiffre peut paraître élevé, mais il ne représente que 4 à 5% des précipitations annuelles sur le département. Et surtout, il se réduit considérablement en fonction de la climatologie. Ainsi, en 2003, ces prélèvements n’étaient que de 60 millions de m3, et en 2006 de 33 millions. «Actuellement, on stocke 0,03% de l’eau qui tombe. Si nous passions à 1%, nos problèmes seraient résolus…» La Vienne compte déjà cinq réserves de substitution en fonctionnement. Sept autres sont en projet. |