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Hausse des prix de l'alimentation

Les matières premières agricoles n'expliquent pas tout

Publié le lundi 25 février 2008 - 14h12

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Les prix de certains produits alimentaires ont explosé de novembre à janvier, jusqu'à +48% selon "60 millions de consommateurs", le magazine de l'Institut national de la consommation, de mars, à paraître mardi. La hausse des matières premières ne justifie pas une telle flambée selon l'INC, les producteurs agricoles et les associations de consommateurs. Distributeurs et industriels s'en renvoient la responsabilité.

Selon l'observatoire de 60 millions de consommateurs, beurres, yaourts, pâtes, céréales, biscottes, pains de mie, riz et autres jambons ont vu leurs prix s'envoler de 5% à 48% entre novembre et janvier.

Sur 1.055 références de produits laitiers et céréaliers comparés, près de la moitié ont augmenté, dont 200 de plus de 10%. Moins de 60 références ont baissé «de quelques pour cent», selon l'observatoire de l'association.

Quelques exemples d'augmentation des prix constatée par l'INC entre novembre et janvier (en fonction des enseignes):

- les yaourts nature: 40% pour un produit au sucre de canne, entre 17 et 24% selon les marques;

- laits UHT: plus de 20%, la plus forte (37%) pour un lait aux protéines, la moins élevée (20%) pour un produit vitaminé;

- beurres: de 19% à 26%;

- pâtes: jusqu'à 45% de hausse pour les spaghettis et 44% pur les coquillettes;

- les jambons: jusqu'à 44% pour un jambon blanc «supérieur».

«La flambée des matières premières ne peut justifier des hausses d'une telle ampleur, et cela a continué en février», souligne Marie-Jeanne Husset, directrice de rédaction du mensuel "60 millions de consommateurs".

«Le prix du lait ne représente que le tiers du prix final du yaourt. Comment expliquer que certains yaourts aient augmenté de 40%?», s'étonne-t-elle.

Distributeurs et industriels s'accusent mutuellement de la flambée des prix. La CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) rappelle que les cours du blé ont grimpé de 72% et ceux des oeufs de 36% en un an. Elle estime que les industriels «n'ont d'autre choix que de répercuter» ces hausses, mais rend les distributeurs «coupables» de la flambée. La FCD (Fédération des entreprises du commerce et de la distribution) rétorque que «certaines hausses de tarifs d'industriels ne sont pas justifiées».

«Il y a une manipulation dans le discours des industriels et des distributeurs. La hausse des matières premières profitent aux uns et autres», estime Marie-Jeanne Husset.

Une réforme de la loi régissant les relations entre distributeurs et industriels doit intervenir au printemps, mais pour les associations de consommateurs elle risque d'avoir un effet limité.

UFC-Que Choisir et la CLCV (Consommation logement et cadre de vie) estiment ainsi que la nouvelle loi doit s'accompagner d'une autre réforme, qui réglerait le problème de quasi monopole d'enseignes comme Leclerc, Carrefour ou Auchan dans certaines régions en France.

Le ministre de l'Agriculture et le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, ont estimé lundi que les agriculteurs ne devaient pas être tenus pour responsables de la hausse des prix dans l'alimentaire.

«Je n'accepterai pas que l'on montre du doigt les agriculteurs dans ce problème» de la hausse des prix, a déclaré Michel Barnier dans une interview sur Europe 1. «Il y a un vrai problème de prix et de pouvoir d'achat, mais ne cherchez pas la responsabilité chez des gens qui bossent (...) et qui sont souvent mal payés» pour leur travail, a-t-il souligné.

Pour le ministre, le coeur du problème ne se situe ni chez les agriculteurs, ni chez les consommateurs, mais plutôt entre les deux. «Entre les consommateurs et les producteurs, il faut qu'un certain nombre d'acteurs de l'économie soient plus raisonnables et plus responsables», a-t-il martelé, sans toutefois évoquer directement les distributeurs.

Jean-Michel Lemétayer estime qu'il «faut que le gouvernement prenne ses responsabilités» face à ce problème et mette en place «une transparence des pratiques commerciales».

«Il faut conserver des règles pour qu'on puisse aller voir comment a été facturé le prix et qu'on voit quelles marges ensuite prend le distributeur sur ce même produit. Il ne faut pas aller au bout du rapport Attali, il faut maintenir des règles du jeu», a affirmé le président de la FNSEA.


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