La mise en place, par les agriculteurs des pays en voie de développement, de systèmes locaux d'exploitation et de gestion de l'eau contribue à améliorer la sécurité alimentaire et à baisser le niveau de pauvreté, révèle une étude rendue publique ce vendredi 24 août 2012.
L'étude, pilotée par l'Institut international de la gestion de l'eau (IWMI), organisme de recherche de Colombo (Sri Lanka), et publiée à deux jours de l'ouverture de la Semaine internationale de l'eau à Stockholm, conclut que le développement de systèmes d'irrigation par les agriculteurs eux-mêmes permettait de presque quadrupler leur rendement dans certains cas et d'améliorer considérablement l'alimentation.
Les chercheurs citent l'exemple, dans l'Etat indien du Madhya Pradesh, d'une petite région transformée par la construction de réservoirs pour conserver l'eau de la mousson. Cette opération « a eu des répercussions, non seulement sur les revenus des agriculteurs, mais aussi sur l'ensemble de la communauté. Ça m'a beaucoup marquée de voir ce changement », a confié la coordinatrice de l'étude, Meredith Giordano, de l'IWMI. L'eau est conservée jusqu'à sept mois et permet d'augmenter de 23 % à 95 % la superficie des terres cultivées pendant la saison sèche.
A peine 3 % des ressources en eau renouvelable de l'Afrique subsaharienne sont utilisées pour l'agriculture, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). En outre, environ 4 % des terres arables sont équipées pour l'irrigation et moins de 6 % d'entre elles sont alimentées par des eaux souterraines.
« Nous nous étions concentrés sur les solutions à grande échelle mais nous avons un large éventail de possibilités. [...] Les technologies de gestion de l'eau à petite échelle sont très efficaces et beaucoup de fermiers, en groupe ou individuellement, les ont déjà adoptées et elles sont en train de transformer leurs vies », a indiqué Mme Giordano. « Ce n'est pas l'un ou l'autre. On a besoin d'investissements tout au long de la gamme », a-t-elle insisté.
Entre 2009 et 2012, le projet AgWater, sur lequel porte l'étude, a examiné les systèmes de gestion de l'eau à petite échelle auprès de plus de 1.000 agriculteurs en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, ainsi que les mécanismes d'aide et d'encadrement. L'étude donne des recommandations aux politiques, aux organisations et aux investisseurs pour favoriser des structures innovantes.
Les chercheurs ont étudié de très nombreuses options : pompes, bassins, réservoirs, drainage des nappes phréatiques et également les différentes technologies utilisées par les fermiers pour améliorer la situation, a précisé Mme Giordano.
Toutefois, ces nouveaux systèmes comportent des risques environnementaux et l'accès aux matériels peut être compliquée, ce qui défavorise les agriculteurs les plus pauvres, le plus souvent des femmes. En outre, si les agriculteurs s'engagent dans un système où l'eau est gratuite pour tous, les ressources disponibles risquent à certains endroits de descendre en dessous des niveaux durables, relève l'étude.