Après plus d'une semaine de protestations, les producteurs allemands de lait ont annoncé jeudi à Berlin la reprise de leurs livraisons après avoir réussi à faire plier la grande distribution sur la hausse du prix du lait.
«Le boycott est terminé», a déclaré le ministre allemand de l'Agriculture, Horst Seehofer, au cours d'une conférence de presse, confirmant une annonce de la fédération BDM des producteurs de lait.
«Je vous demande de reprendre les livraisons de lait dès ce soir», a lancé le chef de la BDM, Romulad Schaber au cours d'une grande manifestation à Berlin, prévoyant que «le dernier bastion allait bientôt tomber chez les discounters».
Entre 2.000 et 3.000 producteurs de lait s'étaient rassemblées devant la Porte de Brandebourg à Berlin, entourés de vaches en plastique aux couleurs de l'Allemagne et d'environ 200 tracteurs.
Leur revendication auprès de la distribution: augmenter le prix de vente du lait et produits laitiers en raison de la hausse des coûts de production liée à l'augmentation des prix de l'énergie, du fourrage et des engrais.
Le rassemblement auquel avaient été conviés les consommateurs a finalement pris des allures de fête, plusieurs chaînes de supermarché ayant, sous la pression, accepté ou signalisé leur disposition à renégocier le prix du lait avec les producteurs.
Avec ces concessions, «les conditions sont réunies pour fixer de manière généralisée de nouveaux et justes prix pour le lait», a estimé M. Seehofer.
«Je crois que ce développement va contribuer à la normalisation (du marché du lait) dans les prochains jours», a ajouté le ministre qui soutenait les producteurs dans leur objectif de faire payer leur lait 43 centimes par litre, contre les 28 à 34 centimes pratiqués en ce moment.
Dès mercredi soir le discounter Lidl a accepté d'augmenter ses prix à la vente de 10 centimes d'euros par litre de lait et de 20 centimes par plaquette de beurre de 250 grammes, une hausse intégralement répercutée sur les éleveurs.
L'autre grand discounter allemand, Aldi Sud, s'est dit prêt à discuter avec les fournisseurs à propos du prix du lait, selon un communiqué jeudi.
La Fédération des agriculteurs (DBV) a recensé des hausses de prix prévues aussi par les enseignes REWE, Netto, Plus, Norma et Tengelmann.
La BDM va «faire attention à ce que la hausse des prix revienne vraiment aux producteurs», sous peine de reprendre le mouvement, a déclaré son porte-parole Hans Foldenauer au Bayerischer Rundfunk.
Certaines chaînes de supermarchés, surtout les discounters, avaient reconnu mercredi commencer à pâtir de la grève des livraisons.
Les producteurs, qui ont jeté du lait en grande quantité et organisé des blocus devant les laiteries pour empêcher l'arrivage de lait et la sortie de produits laitiers transformés, ont rencontré la compréhension des consommateurs.
M. Seehofer a promis de «s'attaquer très bientôt à la structure du marché du lait» en Allemagne, très peu concentré avec de multiples petites laiteries, et des petits producteurs qui ne sont pas compétitifs. Et qui seront d'autant plus mis en danger par la suppression des quotas laitiers envisagée au sein de l'Union européenne.
Selon la fédération de l'industrie laitière (MIV), le mouvement de protestation, qui a été suivi par 70% des quelque 100.000 producteurs de lait allemands, a désormais causé plus de 100 millions d'euros de pertes aux laiteries du pays.
En Autriche, la grève des livraisons de lait a également pris fin, a annoncé jeudi la fédération des producteurs IG Milch. Des discussions avec les responsables des laiteries se poursuivent toutefois sur la revendication d'une hausse du prix du litre de lait à 47 centimes contre 39 centimes versés actuellement.